Attaque  Belfast : les protestants s'enflamment L'armée et la police sont la cible d'attaques depuis samedi. es violences et affrontements se sont poursuivis dans la nuit de lundi à mardi à Belfast, en Irlande du Nord, et se sont propagés dans une moindre ampleur à d'autres villes voisines, l'armée et la police étant la cible des attaques provenant du camp protestant et des loyalistes. L'embrasement des quartiers protestants a démarré samedi, avec l'interdiction faite par la police aux protestants de l'ordre d'Orange de traverser le quartier catholique et républicain de Springfield Road. Les larges défilés rituels des Orangistes, durant l'été, sont l'occasion de réaffirmer leur foi protestante et leur attachement à la couronne britannique, en célébrant la défaite du catholique roi Jacques face au protestant Guillaume d'Orange. Le chef de la police, Hugh Orde, a dit toute sa colère contre les Orangistes et ce mouvement, d'apparence spontanée, mais qui était pour lui «complètement organisé». Bus et voitures brûlés, assaut contre un commissariat, cocktails molotov, tirs, plusieurs dizaines de policiers blessés : une telle violence n'avait pas été vue depuis des années. Et les groupes paramilitaires protestants, l'UDA (Uslter Defence Association) comme l'UVF (Ulster Volunteer Force), ont largement participé aux émeutes. Le changement de route pour un défilé n'a été que le prétexte pour démarrer. «La communauté protestante a espéré qu'après le braquage de la Northern Bank et l'assassinat de Robert Mc Cartney, Londres écarterait Sinn Fein, le parti républicain catholique, du processus de paix», analyse Adrian Guelke, professeur de sciences politiques à Belfast. Exclure Sinn Fein du partage du pouvoir, c'était le principal slogan des protestants «durs» du DUP, le parti du révérend Ian Paisley, lors des dernières élections. Mais, fin juillet, l'IRA faisait une annonce historique : l'armée républicaine irlandaise renonçait définitivement aux armes. Et Londres saluait cet engagement. Le camp protestant ultra, qui refuse de cogérer la province, en a conçu «beaucoup de ressentiment», explique Guelke. Les protestants, se sentant exclus, voudraient se faire entendre à Londres. Où, hier, on ne parlait plus que de cricket et de la victoire de l'Angleterre contre l'Australie.