Annonce Barghouthi, prisonnier-candidat La volte-face spectaculaire du héraut de l'Intifada soulève de nombreuses questions. Tout d'abord celle du Fatah, qui a fait de Mahmoud Abbas son candidat officiel. Ensuite, celle de la gestion de sa campagne depuis la prison de Beersheva. Il se présente comme candidat "indépendant". Leader du Fatah en Cisjordanie, purgeant une peine de prison en vie en Israël, Marwan Barghouthi a donc finalement décidé de se présenter contre Mahmoud Abbas à la succession de Yasser Arafat à la tête de l'Autorité palestinienne. Pourquoi un tel revirement, une semaine après avoir annoncé qu'il renonçait à briguer la présidence ? Le Comité central du Fatah n'aurait en fait pas rempli certaines promesses sur la tenue d'élections internes à l'organisation. Ce volte-face de dernière minute défie en tout cas à la fois ouvertement la vieille garde de l'OLP et donne un enjeu à un scrutin qui paraissait joué d'avance.La candidature de Barghouthi, figure de proue de la seconde Intifada, risque dans un premier temps de relancer les divisions internes. Il est en effet surtout appuyé par des jeunes cadres du Fatah qui ne sont pas toujours sur la même longueur d'ondes que les caciques revenus d'exil dans le sillage d'Arafat à partir de 1994. Le Comité central du Fatah, dirigé par les "anciens", a ainsi immédiatement condamné ce revirement. "Nous considérons cette position de la part de Marwan étonnante et condamnable et elle n'est pas conforme aux traditions du Fatah" explique le mouvement. Grâce ?Dans un second temps, la présence de Barghouthi devrait donner du piment à une campagne électorale qui s'annonçait sans véritable enjeu ni suspense. Très populaire, notamment parmi la jeunesse, il est le seul à pouvoir battre Mahmoud Abbas parmi les neuf candidats qui se présentent contre le successeur désigné de Yasser Arafat. Mahmoud Abbas, souvent brocardé comme l'homme que voudrait installer au pouvoir et Sharon et Bush, traîne quant à lui comme un boulet ses prises de position contre l'Intifada.Reste maintenant à savoir si Marwan Barghouthi ira bien jusqu'au bout et ne retirera pas à sa candidature avant le 9 janvier. A-t-il notamment véritablement les moyens de mener sa campagne depuis sa cellule ? Ariel Sharon a assuré qu'il pourrait agir politiquement "dans le cadre de sa prison". Cela passe donc par l'élargissement des visites, réduites pour l'instant au strict minimum. Surtout, en cas de victoire, pourrait-il diriger l'Autorité palestinienne tout en étant prisonnier ? Certains analystes font remarquer que sa situation ne serait pas fondamentalement différente de celle de Yasser Arafat, confiné par Tsahal dans son QG de la Moukata à Ramallah pendant les trois dernières années de sa vie. Et il restera bien sûr la possibilité d'une grâce. Moshe Katzav, le président israélien, a déjà indiqué qu'il ne l'excluait pas et qu'il examinerait la question si elle venait à se poser.Dix candidats pour succéder à ArafatOutre Mahmoud Abbas et Marwan Barghouthi, huit autres candidats briguent la présidence :- Tayssir Khaled : candidat du Front démocratique de libération de la Palestine - Bassam Al-Salhi : candidat du Parti du Peuple (ex-communiste)- Moustapha Barghouthi : candidat indépendant (aucun lien de parenté avec Marwan Barghouthi)- Hassan Khreisheh : candidat indépendant- Abdelhalim Al-Ashqar : candidat indépendant- Abdelsattar Qassem : candidat indépendant- Abdelkarim Choubeir : candidat indépendant- Alsayyed Barakah : candidat indépendant
