Annonce Baisse de la fréquentation du Nice Jazz Festival, malgré sa programmation éclectiqueDans la nuit du 27 au 28 juillet, après que les dernières notes s'étaient tues, on pouvait faire le bilan du Nice Jazz Festival qui s'est tenu du 20 au 27 juillet.Cet événement mastodonte compte dans le paysage musical estival : trois scènes, 75 concerts en huit soirées, un budget de 3 millions d'euros, dont un tiers est fourni par la ville de Nice. Le tassement de la fréquentation est sensible : 38 000 entrées, soit environ 10 000 de moins que pour l'édition 2004. Seules quatre soirées sur huit ont attiré plus de 6 500 personnes (le 20 juillet avec Joss Stone, Van Morrison et Emir Kusturica ; le 21 avec Lavilliers, Devendra Benhart et Steps Ahead ; le 26 avec Kassav', Amadou & Mariam et Gilberto Gil ; le 27 avec Calogero, Laurent de Wilde et Emilie Simon).LE PUBLIC SE DISPERSEEn 2001, on avait refusé du monde pour la soirée blues avec BB King et celle avec St Germain. Deux ans plus tard Jamiroquai provoquait la même affluence sous les oliviers et dans les allées des jardins de Cimiez. Il y a plusieurs explications aux chiffres médiocres de cette édition.D'abord, le nombre des propositions musicales sur la côte frise, cet été, la saturation. Et, comme les voisins ne jouent pas le jeu de la concertation pour l'organisation du calendrier (quand ils ne font pas de la surenchère sur certains cachets), il ne faut pas s'étonner de voir le public se disperser.D'autant que le réservoir de spectateurs potentiels parmi les vacanciers s'est sensiblement réduit ces dernières années. Le tourisme est en crise, ici comme sur l'ensemble de la Côte d'Azur. Nice est devenu trop cher. Les Italiens, autrefois nombreux dans la région, préfèrent désormais la Croatie, beaucoup plus attractive au niveau des prix.En dehors des contingences locales, cet effritement de la fréquentation correspond aussi à une tendance générale que l'on a pu vérifier dans d'autres festivals, comme Montreux ou Vienne par exemple, souligne Viviane Sicnasi, productrice depuis cinq ans de l'événement.A Nice, pour faire face à cette désaffection, on aura cultivé, cette année encore, avec application, l'idée d'un éclectisme soutenu, invitant toutes les familles musicales populaires, donc tous les publics, à se croiser sur les hauteurs de la ville. "Nous ne pouvons pas faire autrement que de proposer une programmation très diversifiée, indique Viviane Sicnasi. Aujourd'hui, il n'y a pas un seul artiste de jazz susceptible d'attirer autant de monde que le site peut en contenir. Les grands sont tous morts." Enfin, Il faut également prendre en compte la configuration des lieux. Se poster devant l'Argentin Melingo le 25 juillet au soir, c'était écouter du tango brouillé par des échos de samba provenant d'une autre scène où se produisait le Brésilien Seu Jorge. Ces interférences de son récurrentes induisent certains choix. "Nous sommes obligés de programmer des choses extrêmement festives pour que les sons des différentes scènes ne se recouvrent pas, note Viviane Sicnasi. Ce lieu n'est pas adapté pour inviter Sonny Rollins ou Keith Jarrett, par exemple, qui d'ailleurs exigent tous les deux le silence pendant leur prestation et ne veulent aucun autre concert avant ou après leur passage."
