Anniversaire Baïkonour, le plus ancien cosmodrome au monde, fête ses 50 ans BAÏKONOUR (AFP) - Façades repeintes, musée de l'espace rénové et une nouvelle église orthodoxe construite sur les rives du Syr-Daria: Baïkonour fête cette année les 50 ans de son cosmodrome, la plus grande et la plus ancienne base de lancement d'engins spatiaux du monde.La ville de Baïkonour qui avait changé de nom à plusieurs reprises --Tachkent-90, Zaria (Aube), Zvezdograd (Ville des Etoiles), Leninsk-- a été construite en même temps que le cosmodrome, dans la steppe déserte du Kazakhstan, et célèbre elle aussi son jubilé.Sur la principale rue piétonne surnommée Arbat, comme la célèbre rue piétonne de Moscou, Russes et Kazakhs déambulent lentement sous un soleil brûlant. La température approche de 40 degrés Celsius et les passants, s'essuyant le front, s'abritent dans des petits cafés."Je suis étonné de voir à quel point la ville a changé. Il y a beaucoup de magasins, de cafés. Il y a dix ans, tout était dans un état de délabrement avancé", s'étonne Anatoli, un militaire à la retraite, âgé de 55 ans, venu rendre visite à son fils qui travaille au cosmodrome."L'Etat s'est enfin rendu compte qu'il fallait soutenir le secteur spatial", se rejouit-il, content que son fils "gagne un peu plus" à Baïkonour par rapport aux militaires servant en Russie.Les employés du cosmodrome se souviennent avec amertume des "années noires" ayant suivi la chute de l'URSS. Baïkonour, construit dans les années 50 "par tout le peuple soviétique" s'est alors retrouvé sur le territoire d'un Kazakhstan indépendant qui avait du mal à gérer l'immense complexe spatial.Des milliers de spécialistes russes qui n'étaient plus payés ont quitté le cosmodrome. On voyait partout des immeubles abandonnés avec des vitres cassées. Des milliers de Kazakhs venus des régions voisines se sont en revanche installés à Baïkonour à cette époque.Valentina Lissovskaïa, ingénieur sexagénaire, se souvient avec effroi des pénuries d'électricité, d'eau et de chauffage qu'elle avait vécues au début des années 90."La criminalité s'est très vite développée. Lorsque quelqu'un partait en vacances en Russie, il retrouvait en rentrant à Baïkonour son appartement pillé", raconte cette femme qui a passé 40 ans de sa vie au cosmodrome.En 1994, la Russie et le Kazakhstan se sont mis d'accord sur un statut particulier de la base spatiale. Appartenant juridiquement au Kazakhstan, avec tous ses pas de tirs et ses engins spatiaux, Baïkonour est maintenant loué par les Russes pour 115 millions de dollars par an et le bail va jusqu'en 2050, aux termes d'un accord signé en 2004 par les présidents Vladimir Poutine et Noursoultan Nazarbaïev.Le cosmodrome se développe grâce aux lancements commerciaux. La Russie met en orbite chaque année plusieurs satellites étrangers à l'aide de ses lanceurs Proton et Soyouz."La Russie a un besoin vital de Baïkonour, car c'est le seul cosmodrome à avoir une infrastructure pour les lancements des fusées Proton et des Soyouz avec les missions habitées" vers la Station spatiale internationale (ISS), a expliqué le vice-directeur de l'Agence spatiale russe (Roskosmos), Alexandre Medvedtchikov.Aujourd'hui, la moitié des 70.000 habitants de Baïkonour sont des Kazakhs et l'autre moitié des Russes.La Russie s'est engagée à développer à Baïkonour un nouveau lanceur russo-kazakh, Baïterek, dont la construction sera financée par le Kazakhstan."Nous vivons en paix, nous travaillons ensemble, comme en URSS", assure Akhmet, un entrepreneur kazakh de 46 ans.
