Annonce BACTÉRIE Un rappel de 10 000 personnes est envisagé après plusieurs cas d'infection à xenopi au niveau du genou à la suite d'opérations L'affaire de la Clinique du sport rebondit Nouveau rebondissement dans l'affaire de la Clinique du sport (Paris, 5e) qui fut de 1988 à 1993 le théâtre de contaminations en série dues aux mauvaises pratiques de désinfection et de rinçage des instruments chirurgicaux, avec réutilisation de matériel à usage unique. Avec à la clé la survenue chez 58 patients opérés du dos dans cet établissement, d'infections du rachis dues à une redoutable bactérie Mycobacterium xenopi, un germe proche de l'agent de la tuberculose qui détruit peu à peu les vertèbres. L'affaire avait alors entraîné le rappel de 4 700 personnes ayant subi le même type d'intervention durant cette période. Sept ans plus tard, quelques nouveaux cas de complications ont été découverts, mais cette fois au niveau du genou et non plus du rachis. Une localisation de la bactérie qui, au vu du faible nombre de cas, n'avait pas jusqu'ici semblé nécessiter des mesures particulières. Mais le président de l'Association des victimes du xenopi, Alain-Michel Ceretti (1) a, hier lors d'une conférence de presse, demandé à ce que les 10 000 personnes opérées du genou dans cet établissement entre 1988 et 1993 soient contactées à leur tour et qu'un numéro Vert soit mis en place pour répondre à leurs légitimes interrogations. «Sans pour autant vouloir créer de panique car seules les personnes qui ont des symptômes – douleurs, épanchement articulaire – pourraient avoir été contaminées, les autres n'ont pas à s'inquiéter.» Alain-Michel Ceretti a lancé cet avertissement après avoir été contacté récemment par un patient opéré il y a douze ans pour une simple ablation du ménisque interne sous arthroscopie à la Clinique du sport. Celui-ci a appris il y a peu de temps qu'il était lui aussi victime de xenopi. Un délai exceptionnellement long qui relance les inquiétudes vis-à-vis de cette bactérie. Quatre ans après avoir subi cette ménisectomie, le patient avait commencé à souffrir d'un épanchement douloureux au niveau du genou opéré, des symptômes très gênants pour ce sportif accompli qui s'entraînait très régulièrement pour le marathon. Souffrant de plus en plus au fil des années, il a été ballotté de spécialiste en spécialiste, subissant moult arthroscopies, ponctions articulaires et biopsies synoviales, avant que l'on ne se rende compte que son articulation est la proie d'une destruction majeure. Tant et si bien qu'en septembre 2003, il doit passer sur la table d'opération pour la pose d'une prothèse du genou, au centre hospitalier de Versailles. «Je suis très reconnaissant au chirurgien, le docteur Beaufils qui a fait un travail formidable et qui m'a de surcroît bien aidé à retrouver le moral», nous confiait-il hier. Au décours de l'opération, un bilan bactériologique remarquablement sérieux découvre la présence de la bactérie xenopi, plusieurs mois après sa mise en culture. «Car le problème de cette bactérie, c'est qu'elle ne «pousse» pas en moins de deux mois, contrairement à la plupart des autres germes qui sont retrouvés en milieu de culture dans un délai d'une dizaine de jours», explique le président de l'Association des victimes de xenopi. Tant et si bien que la plupart du temps, les résultats font état de prélèvements toujours négatifs. Ce qui a été le cas pour ce patient chez qui deux biopsies de synoviales s'étaient précédemment révélées négatives. Pour le Clin Paris Nord, le Centre de lutte contre les infections nosocomiales, qui avait dressé un premier constat le 22 décembre 2003 «l'hypothèse la plus probable est que cette infection ait été acquise lors de la première arthroscopie pratiquée en 1992 à la Clinique du sport» ajoutant que «sept cas d'infection articulaire post-arthroscopie du genou ont été identifiés à partir d'une enquête nationale, dont deux opérés dans cette clinique et un autre probable, identifié dans l'annexe de cet établissement». Au total, avec ce dernier cas, 8 personnes ont présenté de manière documentée une infection de ce type au niveau du genou. Des complications qui, pour le président de l'association des victimes, reposent la question de l'information aux dix mille personnes opérées du genou à la clinique entre 1988 et 1993. Tout le problème est désormais de savoir ce que l'on peut leur proposer comme surveillance, dans la mesure où l'infection à xenopi ne se diagnostique pas facilement au niveau de cette articulation. Une analyse que ne partageait pas le Clin Nord en décembre dernier pour qui «l'identification de ce nouveau cas ne justifie pas une procédure élargie de rappel des patients exposés. En revanche, des recommandations à destination des médecins concernant l'identification et le traitement des arthrites périphériques à Mycobacterium xenopi apparaissent souhai tables». Pour l'heure la Direction générale de la santé étudie attentivement le dossier avant de se prononcer. De leur côté, les responsables de la clinique (2) ont déclaré être à la disposition des autorités sanitaires.(1) Il a créé et s'est investi dans cette association à la suite de la contamination de sa jeune épouse par la bactérie.(2) Cette clinique a changé de propriétaires à diverses reprises depuis cette affaire. Elle est aujourd'hui la propriété du groupe de la Générale de santé.
