Arrestation Avant la fête nationale demain, vague d'arrestations sans précédent depuis 2003. A Cuba, la dissidence plongée dans le silence Vendredi à La Havane, le président Fidel Castro a lancé une vague d'interpellations sans précédent depuis 2003. Cette rafle de dissidents est la plus importante depuis la grande vague de répression de mars 2003, au cours de laquelle 75 opposants avaient été arrêtés et condamnés un mois plus tard, au terme de procès expéditifs, à des peines allant de six à vingt-huit ans de prison. Elle a eu lieu quelques jours avant la fête nationale qui doit se dérouler demain dans la capitale cubaine. Samedi toutefois, au moins six opposants interpellés la veille avaient été remis en liberté, dont une figure de la dissidence, l'économiste Marta Beatriz Roque. Pâle et fatiguée, la dirigeante de l'opposition a déclaré : «Le chemin passe par la rue et nous allons utiliser la rue dans tout le pays. Cela se fera de manière pacifique, avec les mains dans le dos.» Opérations simultanées. Agée de 60 ans, Marta Beatriz Roque, proche de Washington, avait été l'unique femme à être condamnée en avril 2003. Elle avait été libérée le 22 juillet 2004, pour raisons de santé après une condamnation à vingt ans de prison. Les deux vice-présidents de son mouvement, l'Assemblée pour la promotion de la société civile (APSC, illégale), l'avocat René Gomez Manzano, 62 ans, et l'ingénieur Félix Bonne Carcaces, 66 ans, étaient toujours détenus. «Ce gouvernement ne peut continuer à résoudre les problèmes avec toujours plus d'emprisonnements», estimait Marta Beatriz Roque après sa libération. Dès le matin, vendredi, les policiers cubains ont déclenché plusieurs opérations simultanées dans la capitale, conduisant à l'interpellation d'au moins 18 opposants, presque tous membres de l'APSC. Le mouvement avait appelé la veille à manifester devant l'ambassade de France pour demander la libération de personnes détenues depuis des incidents survenus le 13 juillet, et pour protester contre la normalisation des relations entre Paris et La Havane, marquée par l'invitation, aux cérémonies du 14 juillet à l'ambassade de France, du chef de la diplomatie cubaine, Felipe Perez Roque. Vendredi, une quinzaine de manifestants seulement s'étaient retrouvés devant les locaux, pendant que la police cubaine multipliait les descentes aux domiciles des dissidents. La présence policière a été notablement renforcée dans la capitale après les incidents du 13 juillet. Depuis, La Havane a été choisie pour être la ville hôte des festivités du 26 juillet, la fête nationale marquée par le traditionnel discours du président Fidel Castro, commémorant l'assaut de la caserne de la Moncada (Santiago de Cuba,Sud) en 1953, point de départ de la révolution cubaine avant sa victoire six ans plus tard. Inquiétude. Ce week-end, on ignorait encore si cette démonstration de force était destinée à répliquer à la manifestation tenue devant l'ambassade de France, à «préparer» le bon déroulement du 26 juillet ou à décapiter l'APSC. Les autorités, qui ne tolèrent généralement aucune manifestation de rue autre que celles organisées par le régime, maintiennent le silence le plus total sur ces incidents. Hier, l'UE a exprimé sa vive inquiétude, déplorant un nouveau durcissement de la répression à La Havane six mois après qu'elle eut levé les sanctions imposées à l'île communiste. Quant à l'ambassade de France à la Havane, elle est intervenue pour «exiger» la libération des dissidents