Manifestation Aux Etats-Unis, des centaines de milliers d'immigrés défilent pour défendre leurs droits Les centaines de milliers de personnes ont défilé, lundi 10 avril, dans plus de 130 villes américaines, au cri de "Nous sommes l'Amérique !", pour réclamer une vaste réforme de l'immigration et la régularisation des sans-papiers. Cette journée de mobilisation marque un nouveau succès après une série de manifestations fin mars. Tout au long de la journée, dans tout le pays, les manifestants ont défilé dans une ambiance bon enfant, vêtus de blanc en signe de paix et brandissant des drapeaux américains, pour demander aux élus de ne pas se contenter d'accroître la répression contre les clandestins. A Washington, plus de 100 000 personnes, "anciens Américains, nouveaux Américains, futurs Américains", selon les termes du sénateur démocrate Edward Kennedy venu les soutenir, se sont rassemblées dans l'après-midi devant le Capitole, où siège le Congrès. "Nous sommes une nation d'immigrants", a rappelé à la tribune, en espagnol, le cardinal Theodore McCarrick, archevêque de Washington. "MAIN-D'ŒUVRE BON MARCHÉ" Environ 125 000 manifestants, principalement hispaniques mais aussi asiatiques ou africains, sont également descendus lundi après-midi dans les rues de New York, selon les organisateurs. "L'économie de ce pays va bien grâce à la main-d'œuvre bon marché des immigrés. Nous ne sommes pas des délinquants, nous sommes de la main-d'œuvre bon marché", a expliqué l'un d'eux, Joel Nieto, Mexicain de 43 ans installé aux Etats-Unis depuis une décennie. Environ 100 000 personnes ont défilé à Phoenix (Arizona, Sud-Ouest), 75 000 à Fort Myers (Floride, Sud-Est), entre 30 000 et 40 000 à Atlanta (Géorgie, Sud). Les manifestants étaient 12 000 à Omaha (Nebraska, Centre), 10 000 à Houston (Texas, Sud), des milliers à Garden City (Kansas, Centre), Lake Worth (Floride), des centaines dans de nombreuses petites villes du sud du pays... Des dizaines de milliers de personnes étaient également attendues à Los Angeles, où plus de 500 000 personnes avaient déjà défilé le 25 mars. Dimanche, entre 350 000 et 500 000 manifestants avaient défilé à Dallas (Texas, Sud), et 50 000 à San Diego (Californie, Ouest). "PROTÉGER LES FRONTIÈRES" Le président de l'Association politique mexicaine-américaine, Nativo Lopez, a déclaré espérer voir plus de trois millions de manifestants exiger leur part du rêve américain. Même sur les deux jours, le chiffre semblait optimiste lundi en fin d'après-midi. Le président américain, George W. Bush, qui s'est opposé samedi à l'octroi automatique de la citoyenneté américaine aux clandestins, a estimé, lundi, que seul un pays démocratique pouvait permettre un tel mouvement, tout en ajoutant qu'il comptait "protéger les frontières et faire appliquer la loi". Le représentant républicain John D. Hayworth a, pour sa part, demandé l'abolition de la loi offrant la nationalité américaine à toute personne née aux Etats-Unis, établie selon lui "pour garantir la citoyenneté aux esclaves affranchis, pas aux enfants des étrangers". En décembre, la Chambre des représentants a adopté un projet de loi qui aborde la lutte contre l'immigration clandestine uniquement sous un angle répressif. Vendredi, juste avant de partir en vacances pour deux semaines, le Sénat a bloqué un projet de loi qui gardait le même objectif, tout en prévoyant la régularisation de la plupart des douze millions d'immigrants clandestins. Pour montrer l'importance économique des Latinos aux Etats-Unis, dont dépendent des secteurs entiers de l'économie (agriculture, construction, hôtellerie notamment), la communauté hispanique prévoit l'organisation d'un mouvement de boycott national le 1er mai, baptisé "Un jour sans Latinos ou un jour sans immigrants". Les Hispaniques sont aujourd'hui 40 millions aux Etats-Unis, où ils représentent plus de 8 % de l'électorat.