Départ AUTOMOBILE Le constructeur français affiche un profit record de 3,55 milliards d'euros Schweitzer quitte Renault en fanfare «Et pour la première fois, je ne vous donne pas rendez-vous l'année prochaine...» Louis Schweitzer ne s'est pas départi hier de sa sobriété habituelle pour se prêter à sa dernière présentation des résultats financiers de Renault avant de passer le relais à Carlos Ghosn, en avril prochain. Le président du constructeur automobile quitte l'entreprise sur des résultats financiers records : le résultat net de Renault a atteint, l'an dernier, 3,5 milliards d'euros (+ 43%), à rapporter à un chiffre d'affaires de 40,7 milliards d'euros, lui-même en progression de 8,4%. Quant au résultat opérationnel, l'indicateur le plus parlant, il affiche un bond de 72,5% à 2,41 milliards, la marge calculée selon les anciennes normes comptables représentant 5,9% du chiffre d'affaires. Exsangue il y a vingt ans, Renault est devenu en 2004 l'un des constructeurs généralistes européens les plus rentables. Un élément majeur pour le groupe français soucieux de préserver l'équilibre de ses relations avec Nissan dont il détient 44,4% du capital. «Ces résultats sont très bons qualitativement car le free cash flow (NDLR : génération de trésorerie, nette des investissements effectués) est important et la dette a été fortement réduite, à 500 millions d'euros», explique Patrice Solaro, analyste chez Kepler Equities. Avec son allié japonais, Renault s'est même hissé à la quatrième place des groupes mondiaux fort de 5,8 millions de véhicules vendus. Nissan, dont la contribution au résultat net de Renault a représenté 2,2 milliards d'euros (sur quinze mois), vivrait assez mal d'être la vache à lait d'un groupe français qui ne parviendrait pas à prendre son propre avenir en main. Ses performances financières, Renault les doit en grande partie aux succès commerciaux rencontrés par la famille Mégane et à la forte demande observée en dehors d'Europe occidentale. «2004 a été une année de records mais c'est aussi une année de préparation de l'avenir», précise Louis Schweitzer. La gamme s'est enrichie de deux nouveaux modèles, la Renault Modus et la Logan de Dacia. Pour autant, le président de Renault fait assaut de prudence pour 2005, en prévoyant une baisse de la marge opérationnelle. Le coût des matières premières pourrait diminuer les profits d'environ 200 millions d'euros. De surcroît, le coût des nouvelles normes antipollution pourrait altérer cette marge d'environ 150 millions d'euros supplémentaires. Mais cette prudence dans les prévisions est aussi une excellente façon d'établir plus vite que prévu de nouveaux records...