Annonce Australie Le scandale gêne l'action du gouvernement Deux cents Australiens détenus abusivement par les services d'immigration L'incurie semble époustouflante : des services d'immigration australiens auraient emprisonné jusqu'à deux cents de leurs propres citoyens dans divers centres de détention pour immigrants illégaux et demandeurs d'asile. Le scandale qui couvait depuis longtemps a fini par éclater, remettant en cause la politique de détention obligatoire chère au gouvernement conservateur de John Howard. Depuis, la confusion règne dans les bureaux d'Amanda Vanstone, le ministre de l'Immigration et des Affaires aborigènes. Un premier voile a été levé sur cette affaire, il y a quelques mois, lorsqu'on a appris qu'une femme de 39 ans nommée Cornelia Rau avait été incarcérée dans le centre de détention de Baxter, (en Australie Méridionale) pendant plusieurs mois en tant qu'immigrante illégale. Or il s'agissait d'une résidente australienne d'origine allemande. Atteinte de schizophrénie et portée disparue depuis plus d'un an, elle était recherchée par sa famille qui avait perdu sa trace dans l'Etat du Queensland. Mais entre-temps, appréhendée sans ses papiers, elle avait été transférée au centre de détention de Baxter où elle a passé dix mois. La détérioration rapide et dramatique de son état mental finit par alarmer ses codétenus et le personnel de l'établissement. Elle fut enfin examinée par un psychiatre et finalement identifiée grâce à des photos. Elle compte poursuivre le gouvernement en justice pour détention illégale. Un second cas concerne une autre femme souffrant de troubles mentaux, Vivian Alvarez Solon, expulsée vers les Philippines il y a quatre ans alors qu'elle est citoyenne australienne. Des circonstances assez similaires à celles qui ont prévalu pour Cornelia Rau. Comme celle-ci, la famille de Vivian Alvarez Solon était domiciliée en Australie. Elle avait laissé son fils en garderie, puis avait disparu. Quelques mois plus tard, elle fut arrêtée comme immigrante illégale après s'être identifiée sous son nom de jeune fille, puis expulsée vers son pays d'origine, où elle est demeurée quatre ans. Ces deux cas n'étaient que la partie visible de l'iceberg. Une enquête a été ouverte depuis pour enquêter sur le cas de deux cents citoyens ou résidents australiens illégalement enfermés dans les centres de détention. Plus de 88 000 personnes ont été détenues par le département de l'Immigration entre juillet 2000 et avril 2005. A ce jour, il reste 854 détenus, dont trente enfants. Malgré l'énormité du scandale qui monte de jour en jour, le premier ministre, John Howard, affirme qu'il n'est pas question de remettre en cause la politique de détention obligatoire des demandeurs d'asile ni de congédier Amanda Vanstone. Il n'aura pourtant peut-être pas le choix puisque six de ses propres députés sont en rébellion ouverte contre lui et menacent de joindre leurs votes à ceux des travaillistes sur la question des détenus de longue durée et la détention d'enfants d'immigrants illégaux ou de demandeurs d'asile en attente. L'opinion publique est également divisée, mais plus de 60% des électeurs se disent favorables au système de détention obligatoire des demandeurs d'asile.