Annonce Au sommet de Djakarta, les grands rivalisent de solidarité Pour être informé avant tout le monde, recevez nos alertes par e-mail. Abonnez-vous au Monde.fr Le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, devrait fournir, jeudi, une nouvelle évaluation des besoins et devrait insister sur la nécessité de maintenir l'effort sur la durée, alors que l'expérience montre que les Etats s'en tiennent souvent à des effets d'annonce et respectent rarement leurs engagements d'aide financière.Des dirigeants d'au moins vingt-cinq pays et organisations internationales participent au sommet exceptionnel organisé jeudi 6 janvier dans la capitale indonésienne afin de coordonner l'aide à apporter aux pays frappés par le raz de marée du 26 décembre. La seule venue à Djakarta d'une quinzaine de chefs d'Etat ou de gouvernement d'Asie, du secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, et du secrétaire d'Etat américain, Colin Powell, représente "la claire expression de la solidarité mondiale", a relevé le ministre des affaires étrangères indonésien, Hassan Wirayuda. La réponse à la tragédie d'Asie devrait être, pour les pays riches, sonnante et trébuchante, au moins en paroles et en promesses. L'ONU a notamment estimé, mercredi, que l'aide promise pour les victimes des raz de marée se situait désormais entre trois et quatre milliards de dollars.A la veille du sommet, plusieurs pays ont d'ailleurs fait de nouvelles annonces. Le premier ministre australien, John Howard, a promis 760 millions de dollars pour la seule Indonésie. Jusqu'ici, la dotation australienne s'élevait à 46 millions de dollars au total. Le chancelier allemand, Gerhard Schröder, a pour sa part assuré que son pays allait consacrer 500 millions d'euros (environ 670 millions de dollars) à des mesures d'aides pour les trois à cinq années à venir. Ces deux pays dépassent ainsi le Japon et ses 500 millions de dollars. Mais Tokyo envisage déjà de relever ce chiffre.L'Union européenne a annoncé, pour sa part, qu'elle allait débloquer la semaine prochaine cent millions d'euros d'aide d'urgence supplémentaires. Quant au Fonds monétaire international, il s'est déclaré prêt à débloquer jusqu'à un milliard de dollars d'aide financière aux pays les plus touchés."JAMAIS RIEN VU DE TEL"Après avoir survolé la région indonésienne dévastée de Atjeh (Nord), le secrétaire d'Etat américain Colin Powell a confié n'avoir "jamais rien vu de tel" dans sa longue carrière de militaire puis de diplomate. Et il a assuré que l'aide américaine pourrait être renforcée."C'est l'apocalypse, la fin du monde", a, de son côté, confié le commissaire européen à l'action humanitaire, le Belge Louis Michel, après avoir lui aussi effectué le déplacement à Atjeh. Mais cette émotion, ce choc face à la misère et aux destructions ne doivent pas entraîner les pays donateurs dans une surenchère, a-t-il mis en garde. "Nous devons être très prudents et ne pas participer à un concours de beauté où on entrerait en compétition pour avoir des chiffres très élevés", a-t-il prévenu. "On ne peut pas absorber (...) plus que l'on peut absorber, alors à quoi bon lancer des chiffres ?", s'est-il interrogé, estimant que des projets concrets soient d'abord mis au point, puis financés.Kofi Annan devrait fournir, jeudi, une nouvelle évaluation des besoins. Il devrait aussi insister sur la nécessité de maintenir l'effort sur la durée, alors que l'expérience montre que les Etats s'en tiennent souvent à des effets d'annonce et respectent rarement leurs engagements d'aide financière.Cette avalanche de dollars pourrait faire passer au second plan un sujet jugé prioritaire par les pays de la région, qui déplorent à ce jour près de 150 000 morts : le soutien à la mise en place d'un système d'alerte aux tsunamis, inexistant dans l'océan Indien, et qui aurait pu sauver des milliers de vies.Le sommet de Djakarta devrait donner lieu à la publication d'une déclaration finale, qui affirmera "la solidarité et l'engagement commun à surmonter le désastre" ainsi qu'un "engagement concret" concernant la reconstruction et la réhabilitation, a indiqué le ministre des affaires étrangères indonésien.Le sommet devrait aussi examiner l'idée européenne, lancée par l'Allemagne et reprise par la France et la Grande-Bretagne, d'un moratoire sur la dette des pays dévastés par les raz de marée.
