Naissance d'Au Japon

Naissance Au Japon, la naissance d'un garçon dans la famille impériale clôt temporairement la crise de succession au trône La princesse Kiko, belle-fille de l'empereur du Japon, a mis au monde, mercredi 6 septembre, le premier héritier mâle de la famille impériale depuis plus de quarante ans, une naissance très attendue qui règle, pour le moment, la crise de succession qui menaçait le trône du Chrysanthème. "La princesse Kiko a accouché aujourd'hui à 8 h 27 locales [1 h 27, heure de Paris]. Un prince impérial est né sans problème. Son poids est de 2,558 kilos", a annoncé le Palais impérial dans un communiqué officiel. La naissance de ce bébé – dont le nom sera connu dans quelques jours – va permettre d'apaiser, au moins pour un temps, les vifs débats sur la pérennité de la monarchie réputée la plus ancienne du monde. Aucun garçon n'était né au sein de la famille impériale depuis novembre 1965. L'enfant de Kiko est le troisième de la lignée dans l'accession au trône, après son oncle, le prince héritier Naruhito, 46 ans, et son père, le prince Akishino, 40 ans. ÉMISSIONS ET ÉDITIONS SPÉCIALES Portant l'espérance des traditionalistes, la princesse Kiko, 39 ans, a, comme prévu, enfanté par césarienne à l'hôpital privé Aiiku, dans le quartier chic de Hiroo à Tokyo, en raison d'une localisation anormale du placenta. L'événement a aussitôt dooné lieu à une intense couverture médiatique. L'ensemble des chaînes de télévision diffusaient des émissions spéciales, passant en boucle des images de la princesse Kiko, une roturière issue de la classe moyenne, déjà mère de deux filles de 11 et 14 ans. Les Japonais se sont précipités pour s'arracher les éditions spéciales – déjà imprimées – annonçant la naissance du probable futur empereur. Cette naissance impériale sera suivie d'une série de rituels. Ainsi, un messager de l'empereur du Japon Akihito, actuellement en voyage dans l'île de Hokkaido, remettra symboliquement un sabre au garçon, quatrième petit-fils du souverain et de son épouse, l'impératrice Michiko. Dans un communiqué, le couple impérial a exprimé son soulagement et ses "chaleureuses félicitations" aux parents. La nouvelle, que le Japon attendait avec impatience – la famille impériale reste aimée et l'institution profondément respectée – était un scoop très bien gardé depuis des mois, même si la presse populaire avait déjà proclamé que ce serait un garçon. L'ACCESSION DES FEMMES AU TRÔNE Il s'agit du premier accouchement par césarienne au sein de la famille impériale. C'est aussi la première fois qu'un membre de la famille royale donne naissance en dehors du Palais. L'annonce de la grossesse de Kiko, en février, avait fait l'effet d'une bombe au Japon au moment où le premier ministre, Junichiro Koizumi, s'apprêtait à présenter une réforme autorisant l'accession des femmes au trône afin de résoudre la crise de succession. M. Koizumi avait finalement abandonné son projet, en dépit de sondages favorables à l'idée d'une impératrice, devant la fronde des partisans de la filiation patrilinéaire, nombreux au sein de son propre camp conservateur. Interrogé sur le devenir de la réforme, le numéro deux du gouvernement, Shinzo Abe, probable successeur de M. Koizumi dans quelques semaines, a prudemment botté en touche. "Il est nécessaire de mener des discussions sereines, prudentes et équilibrées. Mais l'heure est aujourd'hui à la célébration de la naissance d'un prince impérial", a-t-il déclaré aux journalistes. La naissance de ce prétendant au trône pourrait enfin permettre de réduire l'énorme pression psychologique qui pesait jusqu'alors sur l'épouse du prince héritier Naruhito, la princesse Masako, qui n'a eu qu'une fille, Aiko, âgée de 4 ans. Diplômée de Harvard et ancienne diplomate, Masako, 42 ans, se remet d'une grave dépression, due en partie, dit-on, aux pressions psychologiques qu'elle a subies pour donner naissance à un héritier mâle après plus de dix ans de mariage et plusieurs grossesses malheureuses.