Arrestation Au Chili, le tortionnaire Contreras se rebiffe Chargé de la répression sous la dictature, il a résisté en vain à son interpellation. n hélicoptère, huit voitures des forces de l'ordre, une vingtaine de policiers, militaires et gendarmes : un des pires tortionnaires de la dictature chilienne (1973-1990) a sérieusement résisté à son arrestation, vendredi à Santiago, dégainant même son revolver, selon les médias chiliens, avant de céder. Manuel Contreras fut, après le coup d'Etat du général Pinochet en septembre 1973, le chef de la police politique chilienne, la Dina (direction nationale du renseignement) et, à ce titre, chargé par Pinochet d'organiser la répression sanglante qui a suivi (au moins 3 000 morts et «disparus», et près de 30 000 cas de torture, selon les rapports officiels). Manuel Contreras a été condamné l'an dernier à douze ans de prison pour «l'enlèvement» d'un militant d'extrême gauche du MIR (mouvement de la gauche révolutionnaire). Dans une décision historique, le 17 novembre, la Cour suprême chilienne avait confirmé ce verdict, passant outre la loi d'amnistie d'avril 1978, que Pinochet avait décrétée à l'époque pour protéger ses tortionnaires. La justice chilienne estime désormais que les cas de «disparition» ne sont pas couverts par l'amnistie. Raisonnement : puisque aucun corps n'a été retrouvé, puisque les familles n'ont aucune nouvelle depuis parfois trente ans, le crime d'enlèvement est qualifié de «permanent», toujours en cours, et ne peut donc pas être effacé par la loi de 1978. Ce verdict de la Cour suprême a redonné l'espoir aux défenseurs des droits de l'homme qui entendent bien, depuis, rouvrir de nombreuses affaires de tortures et disparitions. Avec Manuel Contreras, quatre autres responsables de la Dina ont été envoyés en prison, vendredi, dans le même dossier. (publicité)