Liberation Attentats de Bali: l'islamiste Abu Bakar Bashir libéréDJAKARTA - Le fondamentaliste musulman Abu Bakar Bashir, condamné dans le cadre des attentats de Bali en 2002, a été libéré de prison mercredi après avoir bénéficié d'une remise de peine.Le religieux indonésien, que la police et les services de renseignement présentent comme le chef spirituel du mouvement Jemaah Islamiah lié à Al Qaïda, a été accueilli par des centaines de sympathisants islamistes à sa sortie de prison aux cris de "Dieu est grand".Il a aussitôt appelé à un renforcement de la "fraternité musulmane"."Nous renforçons notre cohésion dans un seul but: la charia", a-t-il dit. L'Indonésie, pays musulman le plus peuplé de la planète, et d'autres nations, a-t-il poursuivi, "vivent dans l'obscurité" mais peuvent être sauvées si elles respectent les préceptes de l'islam.La Jemaah Islamiah (JI) est considérée en Asie du Sud-Est et en Occident comme responsable des attentats de Bali ainsi que d'autres attentats à la bombe en Indonésie et dans la région.En Australie, dont quelque 90 ressortissants ont péri dans les explosions de Bali en octobre 2002, le Premier ministre John Howard a fait part de la "déception" et du "tourment" de ses concitoyens à l'annonce de cette libération anticipée pour bonne conduite.Le porte-parole de l'ambassade des Etats-Unis à Djakarta a rappelé pour sa part que Washington avait déjà été déçu par la peine jugée trop clémente infligée à Bashir par la justice indonésienne. Mais, a-t-il ajouté, il appartient aux autorités indonésiennes d'interpréter leur législation.INTERROGATIONS SUR SON INFLUENCESelon les spécialistes, la libération de Bashir, qui est âgé de 67 ans, pourrait permettre une recentralisation de la Jemaah Islamiah, qui, selon la police, a éclaté en factions opérant de façon indépendante les unes des autres après le décès de son leader Azahari bin Husin, tué l'an dernier lors d'une opération de police."L'étendue de son influence n'est probablement plus aussi grande que par le passé", indique toutefois Nick Duder, spécialiste de l'Indonésie de la société de gestion et d'étude de risques Hill & Associates.Pour l'heure, Bashir devrait rallier par la route l'école religieuse d'Al Moukmim, qu'il a cofondée près de la ville de Solo, à 500 km de Djakarta.Il avait été arrêté quelques jours après les attentats d'octobre 2002 pour des faits sans relation avec ces attaques contre plusieurs boîtes de nuit de Bali, qui ont fait 202 morts. Il a ensuite passé 18 mois en prison pour une infraction bénigne à la réglementation sur l'immigration.A sa sortie de prison, en avril 2004, il a de nouveau été arrêté, cette fois dans le cadre de l'enquête sur les attentats.Il a été condamné l'an dernier à 30 mois de prison pour complicité dans la préparation des attentats.Il clame son innocence et affirme que la Jemaah Islamiah n'existe pas. Les tribunaux indonésiens n'ont pas retenu les chefs d'accusation de direction du réseau.Malgré l'arrestation de près de 300 personnes soupçonnées d'avoir enfreint la législation anti-terroriste, la violence fondamentaliste reste une menace pour l'Indonésie et ses 220 millions d'habitants, estiment les autorités.
