Attentat Attentat meurtrier contre un marché chiite de Bagdad BAGDAD - Un attentat suicide à la voiture piégée sur un marché de Bagdad a fait au moins 12 morts et une soixantaine de blessés, alourdissant le bilan des opérations tous azimuts lancées par l'insurrection irakienne depuis la formation du nouveau gouvernement irakien. Depuis cette date, le 28 avril, plus de 400 personnes ont péri dans des attaques attribuées à la guérilla. Mercredi, quatre attentats suicide avaient fait au moins 71 morts dans la capitale et dans le nord du pays. Jeudi, le marché pris pour cible était situé dans un quartier principalement chiite de l'est de Bagdad. En fin de matinée, la police irakienne s'efforçait encore d'établir quel était l'objectif visé. La déflagration a détruit les étals, des voitures ont pris feu et des dizaines de jeunes gens s'efforçaient d'évacuer des victimes dans une épaisse fumée noire. "Il y a des familles dans ce bâtiment, la plupart sont blessées", hurlait un ambulancier dans son téléphone portable. Après des décennies d'oppression sous le régime de Saddam Hussein, les élections du 30 janvier ont porté les chiites et les Kurdes au pouvoir en Irak. La stratégie des autorités a cependant constitué à associer la minorité sunnite aux nouvelles instances du pouvoir, avec l'espoir d'atténuer les frustrations de la communauté sunnite. Le ministère de la Défense, essentiel dans la lutte pour le rétablissement de la sécurité, a ainsi été confié à un sunnite, Saadoune al Doulaïmi. Mais les longues semaines de tractations nécessaires à la formation du gouvernement ont été mises à profit par la guérilla pour se renforcer. Le Pentagone estime qu'en un an ses capacités d'action sont restées inchangées en dépit de la présence de 140.000 soldats américains et de la montée en puissance des forces irakiennes de sécurité. INFILTRATION DE COMBATTANTS ETRANGERS L'insurrection, qui s'appuie notamment sur la minorité sunnite, a fait de la communauté chiite une de ses cibles privilégiées. Mercredi, l'attentat le plus meurtrier de la journée visait précisément des demandeurs d'emplois chiites venus à Tikrit, la ville natale de Saddam Hussein, pour travailler sur des chantiers de construction. Parallèlement, les membres des forces irakiennes de sécurité, formées par l'armée américaine, sont aussi dans le collimateur des insurgés. Jeudi, le général Ayad Imad Mehdi, détaché au centre des opérations du ministère de la Défense, a été assassiné dans le sud-ouest de Bagdad. Trois hommes ont stoppé sa voiture et l'ont abattu, précise-t-on au ministère de l'Intérieur. Un haut fonctionnaire du ministère de l'Intérieur, le colonel Mohammed al Taïé, a lui aussi payé de sa vie son engagement dans l'administration irakienne. La police irakienne, qui a annoncé sa mort jeudi, n'a pas fourni de détails. Estimant que l'insurrection a été nettement renforcée par des islamistes étrangers, l'état-major des forces américaines a modifié sa stratégie et lancé ce week-end dans l'ouest irakien, à proximité de la frontière syrienne l'"opération matador", la plus large offensive depuis la prise de Falloudja, en novembre dernier. Une mine a explosé mercredi au passage d'un convoi blindé américain participant à cette opération, faisant deux morts et 14 blessés parmi les "marines", a annoncé jeudi l'US Army. Ce sont maintenant au moins 1.231 militaires américains qui ont été tués en opération en Irak depuis l'invasion de mars 2003, 1.609 au total si l'on y ajoute les morts accidentelles. Un millier de soldats participent à "matador", qui vise à mieux contrôler la frontière nord-ouest, considérée comme la principale zone d'infiltration de recrues étrangères. "C'est ici que les combattants étrangers reçoivent les armes et l'équipement qui leur permet de mener des attaques, notamment les attentats à la voiture piégée, les assassinats et les enlèvements de cibles civiles ou politiques", expliquait mercredi l'armée américaine dans un communiqué.
