Annonce Astronomie : La sonde spatiale qui vogue depuis 1977 a vraiment atteint les confins du système solaire Voyager 1 rentre dans l'onde de choc La sonde spatiale Voyager 1 de la Nasa a enfin franchi l'onde de choc qui marque la frontière de la zone d'influence du Soleil, l'héliosphère, à quelque 14 milliards de kilomètres de la Terre, a annoncé cette semaine Ed Stone, le responsable scientifique de la mission lors de l'assemblée de l'American Geophysical Union (AGU) à la Nouvelle-Orléans. Certains scientifiques de la mission américaine avaient cru que Voyager, partie de la Terre en 1977, avait déjà atteint en 2003 cette région où le vent solaire ralentit brutalement, mais les informations données par les divers instruments de mesures de la sonde étaient contradictoires. «Maintenant c'est sûr, tous les instruments de Voyager donnent une image concordante du plasma (gaz ionisé qui entoure la sonde), qui correspond bien à celle qu'on attendait après avoir franchi le choc», confirme Rosine Lallement, physicienne spécialiste de l'héliosphère au service d'aéronomie du CNRS à Verrières-le-Buisson (Essonne). Loin d'être immobile par rapport au milieu extérieur, le Soleil et son cortège de planètes se déplacent dans un immense nuage de gaz interstellaire à la vitesse apparente de 25 km/s (90 000 km/h). Comme un navire qui progresse dans l'océan, le Soleil pousse devant lui une vague d'étrave dont la partie intérieure porte le nom de choc terminal. Sauf qu'en place d'une coque de navire, le Soleil émet dans toutes directions un flux ténu mais ininterrompu de particules et d'atomes ionisés, le vent solaire, qui voyage à une vitesse comprise entre 400 et 700 km/s selon l'activité de notre étoile. L'onde de choc terminal est l'endroit où le vent solaire ressent pour la première fois l'influence du gaz galactique extérieur, et voit sa vitesse chuter brutalement à 100 km/s. Ce ralentissement a été enregistré en décembre 2004 par les détecteurs de Voyager, en même temps qu'une hausse attendue du champ magnétique ambiant. Prudents, les scientifiques ont attendu quelques mois pour voir si les mesures se confirmaient avant de faire leur annonce. L'arrivée de la sonde automatique dans l'onde de choc est en tout cas une excellente nouvelle pour l'avenir des deux missions Voyager 1 et 2, dont les budgets sont menacés. «Avant le choc, le trajet de Voyager était vraiment monotone, rien ne changeait vraiment, explique Rosine Lallement. Mais maintenant, toutes les mesures sont intéressantes, on va pouvoir mesurer les gradients de ralentissement du vent solaire et ainsi en déduire la distance réelle de l'héliopause, la véritable frontière entre le milieu solaire et l'extérieur.» D'après les modèles actuels, cette frontière ultime de l'héliosphère se trouverait désormais entre 30 et 50 unités astronomiques (une unité astronomique – u. a. – correspond à la distance moyenne entre le Soleil et la Terre, soit 150 millions de km). Avec sa vitesse de croisière de 3,6 u. a. par an, Voyager 1 devrait sortir de la zone d'influence du Soleil entre 2013 et 2018, soit 36 à 41 ans après son départ de la Terre. Son générateur d'électricité au plutonium devrait lui assurer un fonctionnement jusqu'en 2020. Si la Nasa n'abandonne pas la mission avant.