Ariane 5 : mission accomplie

Annonce Ariane 5 : mission accomplie . Ariane 5 «dix tonnes» a placé sur orbite de transfert géostationnaire le satellite de communications américano-espagnol Xtar-Eur, vingt-six minutes après un décollage réussi de la base équatoriale de Kourou, samedi à 18h03 heure locale. Trente et une minutes après le décollage, Ariane 5 a placé sur orbite le micro satellite scientifique européen Sloshsat-Flevo. Le 165e vol d'Ariane et le 21e d'une Ariane 5 est le deuxième vol de qualification du lanceur lourd Ariane 5 «dix tonnes», dit «ECA», qui est capable de placer jusqu'à dix tonnes sur orbite de transfert géostationnaire, contre 6,7 tonnes pour le modèle de base d'Ariane 5. Le 11 décembre 2002, le premier vol de qualification avait été un échec par suite d'un dysfonctionnement de la tuyère du moteur Vulcain 2 de l'étage principal cryogénique, la fusée ayant dévié de sa trajectoire deux minutes trente après le décollage, selon la commission d'enquête constituée après l'échec. Le 165e vol d'Ariane et le 21e d'une Ariane 5 est le deuxième vol de qualification du lanceur lourd Ariane 5 «dix tonnes», dit «ECA», qui est capable de placer jusqu'à dix tonnes sur orbite de transfert géostationnaire  (Photo ESA)  Le succès du tir de la fusée Ariane 5 ECA, dite «dix tonnes», hier du Centre spatial guyanais de Kourou, permet à Arianespace de voir l'avenir avec optimisme face à ses concurrents dans le secteur des gros lanceurs et conforte son équilibre économique jusqu'à présent précaire. Le lancement de cette nouvelle fusée, la plus puissante de la gamme Ariane, était crucial pour l'Europe spatiale après l'échec il y a deux ans du premier exemplaire de ce «camion de l'espace», qui avait dû être détruit en vol en raison d'un problème technique sur une tuyère. «A partir d'aujourd'hui, nous retournons vers le futur», s'est écrié samedi le directeur général de l'ESA, Jean-Jacques Dordain, après qu'Ariane eut placé sur leur orbite les satellites XTAR-EUR et SLOSHSAT-FLEVO, et prouvé qu'elle pouvait emporter dans l'espace une charge de plus de 8 tonnes. Le président Jacques Chirac a également exprimé «sa très grande satisfaction après le succès» du vol qui constitue «une étape essentielle» pour «garantir l'accès de l'Europe à l'espace». Quant au directeur général d'Arianespace, Jean-Yves Le Gall, il s'est réjoui de ce «moment exceptionnel» et a annoncé qu'il venait de signer un nouveau contrat pour un lancement de satellite avec un lanceur européen. Arianespace plaçait dans Ariane 5 ECA de grands espoirs pour accroître la rentabilité de ses opérations, globalement à l'équilibre depuis 2003 mais toujours déficitaires à l'échelle de chaque tir, facturé autour de 150 millions d'euros. L'idée était d'accroître la rentabilité du lanceur en augmentant sa puissance, donc sa capacité d'emport. Ariane 5 ECA peut emporter dix tonnes de charge - soit deux gros satellites à chaque lancement - contre six tonnes pour l'Ariane 5 générique. «Nous allons finalement commercialiser un lanceur de dix tonnes pour le prix d'un lanceur de six tonnes autrefois», précisait vendredi sur France Info François Auque, PDG d'EADS Space, filiale du groupe aéronautique et de défense européen EADS. Elle «apportera au service d'Ariane encore plus de performance, de flexibilité et de compétitivité, répondant ainsi aux exigences des clients», soulignait de son côté Arianespace. Sur un marché des lancements de satellites déprimé, la société doit en effet faire face à des concurrents tels que les américains International Launch Services (ILS) avec Atlas et Proton, et Boeing avec Sea Launch et Delta. Arianespace et ILS revendiquent chacun le titre de numéro un mondial des lancements commerciaux, compte non tenu des programmes gouvernementaux qui représentent environ 70% du plan de charge des lanceurs américains, contre 10% seulement pour les européens. Outre l'aspect commercial, la réussite d'Ariane 5 ECA revêt également un caractère politique évident sur lequel a insisté samedi le ministre délégué à la Recherche François d'Aubert : «Ariane est un enjeu de souveraineté. Une capacité de lancement est l'un des instruments essentiels pour les gouvernements européens», a-t-il dit. Début janvier, Arianespace avait un carnet de commandes de 40 satellites à lancer, contre 33 il y a un an. Mais en 2004, elle n'a procédé qu'à trois tirs, soit le plus faible niveau depuis 1986. Pour 2005, la société prévoit six lancements dont deux ou trois lancements d'Ariane 5 ECA et trois ou quatre d'Ariane 5 générique. Le premier tir de l'année, marqué par l'envol réussi du nouveau lanceur, est de bon augure.