Projet ARCHITECTURE Sanaa, le cabinet retenu, fera à Lens un musée futuriste d'art et d'essai Des Japonais pour le Louvre II Le projet d'avant-garde du cabinet Sanaa comporte neuf bâtiments de verre et d'acier poli construits sur trois niveaux dans un grand parc. (DR.) Bien que le jury officiel ait accordé de peu sa préférence au projet du Varois Rudy Ricciotti pour la construction du Louvre-Lens, c'est vers le cabinet japonais Sanaa que s'est porté le choix de la commission permanente du conseil régional du Nord-Pas-de-Calais. Décision obtenue de justesse grâce à la voix prépondérante du président Daniel Percheron, le scrutin étant de 22 voix pour et de 22 contre. Le projet des architectes Kazuyo Sejima et Riyu Nishizawa avait aussi la préférence d'Henry Loyrette, le président-directeur du Musée du Louvre. De leur côté les élus locaux avaient rejeté le musée – enterré – de Ricciotti, le considérant comme «un contresens politique et idéologique pour le bassin minier». Se présentant sous forme de neuf bâtiments de verre et d'acier poli, construits sur trois niveaux, dont un sous-sol partiel, qui se fondent dans la végétation d'un parc très travaillé, le projet du cabinet Sanaa se veut à l'avant-garde d'un nouveau type de musée. Sa caractéristique essentielle concerne sans doute la luminosité avec la toiture en verre. La construction offrira un éclairage zénithal avec des pare-soleil variables. Un volume central de verre installe un vide entre les bâtiments. C'est l'espace d'accueil transparent qui ouvre sur le site dans de nombreuses directions. L'espace propre de la réserve est visible depuis ce hall où le sol s'ouvre sur un oeil-de-boeuf de 16 mètres de diamètre. Les architectes veulent ainsi réconcilier exposition et préservation. Et affirmer le Louvre-Lens comme un musée vivant, l'histoire des collections se trouvant en perpétuelle réécriture. Mais ce qu'ils vont surtout rechercher à concrétiser c'est le projet d'un musée d'art et d'essai qui se défait des contraintes d'un musée lui-même. Ici, le visiteur ne sera pas prisonnier d'un parcours mais libre de ses choix. De même, on pourra faire bouger les cloisons, adapter la salle aux oeuvres et pas l'inverse. «Faciliter le changement dans la configuration des galeries, c'est s'évader des barrières posées par les installations permanentes du musée mère de Paris», déclarent ses concepteurs, qui précisent : «C'est permettre à diverses traces d'expositions antérieures d'apparaître dans les installations suivantes de telle sorte que, couche après couche, écriture après écriture, les galeries, le musée, l'art se réaffirment comme résolument multiple.» Quant aux galeries temporaires, elles ont été conçues, en fonction «du soucis de la diversité d'échelle dans les espaces, de souplesse dans la forme de présentation, de traitement des plafonds et notamment de l'éclairage». Le modernisme du projet Sanaa a inquiété plusieurs techniciens et élus mais Daniel Percheron les a rassurés en affirmant que ces techniques ont été expérimentées à l'étranger, depuis plus de vingt ans. Même s'il est peu connu en France, le cabinet Sanaa travaille dans le monde entier. Jack Lang, qui a voté le projet, le considère comme «l'étoile montante de l'architecture». Le Louvre-Lens commente l'ancien ministre de la Culture, «c'est un peu un anti-Guggenheim». Pour son successeur en fonction Renaud Donedieu de Vabres, «ce projet concilie les exigences très complexes du programme muséographique avec le respect du site minier et de son paysage environnant». Il reste à mettre ce concept en chantier. Le début des travaux est prévu début 2007 et une inauguration deux ans plus tard. Le coût devrait s'élever à 117 millions d'euros, la Région y participera à hauteur de 60%, le département du Pas-de-Calais et les collectivités locales 20%, de même que le Fonds européen de développement régional (Feder). La participation de l'État consistera en l'exposition de 500 à 600 oeuvres importantes du Musée du Louvre provenant soit des réserves, soit des collections présentées. A ce fonds qui sera renouvelé tous les trois ans, viendront s'ajouter des expositions temporaires de plusieurs mois.
