Fin Après trente-huit ans d'occupation, l'armée israélienne a quitté Gaza en abandonnant les synagoguesLundi 12 septembre, à 7 heures, les derniers soldats israéliens sont sortis de la bande de Gaza, mettant un terme à trente-huit années d'occupation. Le point de passage de Kissoufim, entre Israël et le territoire palestinien, a été officiellement fermé. Ainsi s'achève le retrait unilatéral mené tambour battant par Israël depuis le 17 août, date à laquelle ont commencé les premières évacuations forcées de civils dans les colonies de cette bande de terre palestinienne.Dès les premiers mouvements de troupes, peu après minuit, des centaines de Palestiniens, principalement des militants issus des différentes factions politiques et militaires, ont débordé les forces de l'ordre palestiniennes censées contrôler l'accès aux terres évacuées et ont envahi ce qui reste des anciennes colonies. Quelques minutes après le départ des soldats israéliens, un drapeau palestinien flottait sur l'ancien quartier général de l'armée israélienne, situé dans l'ancienne colonie de Neve Dekalim. Le bâtiment va devenir le siège des forces de sécurité de la bande de Gaza.S'exprimant de Gaza, où il est installé depuis plusieurs semaines, le chef de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a affirmé que ce retrait représentait "un jour de joie comme le peuple palestinien n'en a pas connu depuis un siècle" . Le général Kochavi, commandant des forces israéliennes à Gaza a, de son côté, affirmé : "Une ère s'achève. A partir de maintenant, ce qui se passe dans la bande de Gaza relève de la responsabilité palestinienne." Les Israéliens abandonnent derrière eux d'immenses champs de ruines, des millions de mètres cubes de gravats, des kilomètres de routes défoncées et de rares bâtiments publics encore intacts. L'idée initiale consistait à ne rien laisser sur place qui puisse être saisi ou vandalisé par les Palestiniens. Or, dans les heures qui ont précédé le départ des troupes, une dernière volte-face des responsables politiques israéliens, largement motivée par des considérations politiciennes, a contraint l'armée à abandonner derrière elle les 24 synagogues encore debout dans le Goush Katif. Le premier ministre Ariel Sharon et les ministres, de droite comme de gauche, qui se sont finalement opposés aux destructions, ne souhaitaient apparemment pas froisser leur électorat religieux.Cette décision a provoqué la colère des autorités palestiniennes. "Les synagogues sont un symbole de l'occupation. Personne ne peut s'engager à ce qu'elles soient préservées" , a averti, dès dimanche, le conseiller palestinien pour la sécurité nationale, Jibril Rajoub. L'Autorité palestinienne s'est engagée à raser, dès lundi, ces édifices dont il ne reste que les murs. Quatre d'entre eux ont déjà été partiellement incendiés dans la nuit.La liesse populaire et les célébrations officielles prévues, mardi dans la bande de Gaza et samedi en Cisjordanie, ne devraient pas masquer longtemps les interrogations concernant le nouveau statut de ce territoire. M. Abbas a répété, dès lundi, qu'il ne fallait pas que "Gaza se transforme en une grande prison" et a insisté pour que "la question des points de passage soit résolue" . Comme en écho, le numéro deux du gouvernement israélien, Shimon Pérès, a indiqué qu'il fallait veiller à ce que la bande de Gaza, dont l'occupation a été "une erreur historique" , ne devienne pas "une prison ou un lieu de misère" .Mohammed Dahlan, le ministre des affaires civiles a, lui, affirmé : "En se réservant le droit d'envahir Gaza et en maintenant un contrôle sur l'espace aérien palestinien, les eaux territoriales et, plus important, ses frontières, Israël va poursuivre son contrôle militaire sur les Palestiniens. (...) La bande de Gaza demeure un territoire occupé, selon la loi internationale." L'unique point de passage vers l'Egypte, le terminal de Rafah, est fermé "provisoirement" et ne pourrait rouvrir que dans plusieurs mois, sous le contrôle des Palestiniens et d'une tierce partie. D'ici là, les mouvements des biens et des personnes ne pourront s'effectuer que par un point de passage contrôlé par Israël
