Annonce Après sept ans de voyage, la sonde américano-européenne se place en orbite de la gigantesque planète qu'elle doit frôler ce matin à 20 000 km Premier virage pour Cassini autour de Saturne La sonde spatiale américano-européenne Cassini-Huygens devait réaliser cette nuit l'opération la plus risquée de son voyage depuis son lancement en 1997 : sa mise en orbite autour de Saturne. Au terme de presque sept années de voyage autour du système solaire, et plus de 3,5 milliards de kilomètres parcourus, les ingénieurs et scientifiques de la Nasa et de l'ESA (Agence spatiale européenne) retenaient leur souffle, hier, car la lourde sonde devait activer son moteur fusée pendant 1 h 36 afin de perdre 2 250 km/h et réussir ainsi à être capturée par l'attraction gravitationnelle de la planète géante. En cas d'échec de cette opération critique qui devait se dérouler en mode automatique, à 1,43 milliard de kilomètres de la Terre, l'ensemble de la mission serait compromis. Le couple composé de l'orbiteur américain Cassini et de l'atterrisseur européen Huygens est le plus lourd engin d'exploration jamais lancé dans le système solaire, avec une masse au lancement de 5 600 kg. Il s'agit de la dernière des grandes missions d'exploration de la Nasa, dans la lignée prestigieuse des sondes Voyager, et de Galileo. Cassini doit rester quatre années en orbite autour de Saturne, pour y étudier en détail le système unique des anneaux et des 31 lunes, alors que Huygens n'a été conçu que pour survivre 2 heures et demi lors de sa descente sous les épais nuages de la grosse lune Titan. Le coût total de la mission dépasse les 3 milliards de dollars, dont 660 millions pour l'Europe. Les Français sont particulièrement impliqués, puisqu'ils représentent le deuxième partenaire en nombre de scientifiques après les États-Unis. L'équipe aux commandes de la délicate manoeuvre d'astronavigation au Jet Propulsion Laboratory à Pasadena en Californie est la plus expérimentée qui soit dans le monde. Ces spécialistes de l'université de Caltech en Californie sont responsables de la grande majorité des missions automatiques d'exploration du système solaire. Ce sont eux, par exemple, qui ont si parfaitement guidé les deux rovers Spirit et Opportunity vers leurs cibles à la surface de Mars au début de cette année. Mais ce type d'opération est toujours risqué, comme le rappelle le sort funeste de Climate Orbiter, qui s'écrasa à la surface de la planète rouge en septembre 1999. Après le passage au plus près de Saturne (à seulement 20 000 km d'altitude au-dessus du sommet des nuages saturniens), la sonde va encore devoir avoir une trajectoire impeccable, et passer précisément entre deux des anneaux extérieurs nommés F et G, à 7 h 58 du matin (heure française). L'engin profitera de son passage au plus près de la géante aux anneaux pour faire fonctionner ses instruments scientifiques et prendre quelques clichés. Ces premières images qui promettent d'être particulièrement spectaculaires devraient être disponibles dès aujourd'hui.