Annonce Après neuf ans, Londres accepte d'extrader Rachid Ramda vers la France Londres a annoncé, mercredi 8 juin, avoir accepté l'extradition vers la France de l'Algérien Rachid Ramda, soupçonné d'avoir financé les attentats commis dans le RER parisien en 1995. "Le ministre de l'intérieur, Charles Clarke, a ordonné la remise aux autorités françaises de Rachid Ramda", a en effet déclaré une porte-parole du ministère anglais. Mais le parcours judiciaire britannique de M. Ramda, 35 ans, n'est pas pour autant terminé puisque ses avocats ont informé de leur intention de faire appel, ce qu'ils peuvent faire jusqu'au 5 juillet, a précisé cette porte-parole. Le suspect restera alors détenu en Grande-Bretagne en attendant une décision de la haute cour de justice. NOUVELLE LOI MOINS CONTRAIGNANTE Arrêté le 4 novembre 1995 à Londres, Rachid Ramda est le plus ancien détenu en Grande-Bretagne dans le cadre d'une procédure d'extradition. La France réclame depuis novembre 1995 cet Algérien, soupçonné d'avoir financé les attentats commis dans le RER (trains de banlieue) parisien en 1995, qui ont fait 8 morts et 168 blessés. "Nous sommes très préoccupés par le temps qu'a pris ce dossier. Nous voulons mettre fin à cette affaire très importante", a déclaré mercredi la porte-parole du minstère de l'intérieur. Elle a expliqué le retard par le fait que les multiples recours prévus par la loi sur l'extradition de 1989 ont tous été utilisés par ses avocats. Cette loi a été remplacée par une nouvelle loi moins contraignante en 2003, qui reconnaît notamment un mandat d'arrêt européen. Mais elle n'est pas rétroactive et l'affaire Ramda continue de dépendre de l'ancienne législation. Déjà, en octobre 2001, le ministre de l'intérieur de l'époque, David Blunkett, avait pourtant ordonné son extradition, mais sa décision avait été cassée l'année suivante par la haute cour. Le tribunal avait alors jugé que "en tant que suspect de terrorisme (Rachid Ramda) était confronté à un risque de traitement inhumain ou dégradant en France". Il craignait que les témoignages mettant en cause M. Ramda, présentés par les autorités françaises, aient été obtenus à la suite de mauvais traitements. CHANGEMENT D'ATTITUDE EN GRANDE-BRETAGNE Les magistrats français se sont plaints au fil des années du manque de coopération des autorités britanniques pour extrader cet homme qu'ils considèrent comme le financier du GIA (Groupe islamique armé). Ce groupe, qui avait revendiqué les attentats parisiens, cherchait à renverser le gouvernement algérien pour installer une république islamiste. Certains observateurs estimaient qu'avant les attentats du 11 septembre aux Etats-Unis, la Grande-Bretagne, qui n'avait pas été la cible d'attentats islamistes, ne prenait pas très à cœur la lutte en France contre le terrorisme islamiste. Mais depuis le 11 septembre, la Grande-Bretagne, surnommée le "Londonistan" parce qu'elle donnait refuge à plusieurs religieux extrémistes musulmans, a totalement changé d'attitude à l'égard de l'islamisme. Elle a en effet adopté, en 2001, une loi antiterroriste rigoureuse, qui lui a permis de placer sous les verrous, sans inculpation, plusieurs suspects de terrorisme. Elle a également fermé la célèbre mosquée de Finsbury Park, dans le nord de Londres, et arrêté son imam extrémiste, Abou Hamza.