Annonce Appels au président pour "le droit de mourir" 120.000 personnes, dont la mère de Vincent Humbert, ont adressé mercredi une lettre à Jacques Chirac pour défendre "le droit de mourir dans la dignité". Les députés doivent examiner vendredi une proposition de loi sur la fin de vie. "Monsieur le Président, 120.000 Vincent Humbert vous demandent le droit de mourir dans la dignité". Marie Humbert, la mère du jeune tétraplégique le 27 septembre 2003 au centre héliomarin de Berck-sur-Mer (Pas-de-Calais) à la suite d'une décision de son médecin, a lancé un appel au chef de l'Etat. La lettre, dont Le Parisien publie mercredi des extraits, a été rédigée par deux associations : Faut qu'on s'active, dont Marie Humbert est membre, et l'Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD). Elle a été co-signée par 120.000 personnes, dont Dominique Strauss-Kahn, Marie Fugain, Nathalie Baye et le prix Nobel de physique Pierre-Gilles de Gennes, révèle le quotidien. "Hypocrise" "L'euthanasie [relève] dans notre pays du silence de la loi et de la loi du silence", indique le courrier, qui dénonce également "l'hypocrisie" qui règne sur cette question. "Comme en 1975 pour l'interruption volontaire de grossesse (IVG), poursuit le document, l'intervention [du président de la République] peut permettre l'avènement d'une des dernières libertés fondamentales qu'il nous reste à conquérir dans une société moderne, le droit de tout homme à choisir de se retirer dans la dignité." Cet appel est lancé alors que les députés doivent examiner vendredi la proposition de loi relative aux droits des malades et à la fin de vie, soutenue par le député UMP Jean Leonetti. "Comme elle interdit explicitement ce geste [du droit à donner la mort, NDLR], la proposition de loi Leonetti ne répond en rien au problème posé avec force par Vincent Humbert", souligne la lettre. "Calvaire quotidien" Michèle de Somer, une autre mère d'un tétraplégique de 26 ans, a écrit également à Jacques Chirac le 10 octobre dernier, pour la troisième fois depuis 2001. Elle réclame le droit de mourir pour Eddy, victime d'un accident de la route le 21 août 2001. "Sa vie se maintient à l'état végétatif et se résume à un lit et à un fauteuil, c'est un calvaire quotidien pour lui, pour moi, pour son frère et sa sœur", selon Michèle de Somer. Evoquant son fils qui la supplie "avec ses yeux" chaque jour "d'abréger ses souffrances", elle assure que "4.000 mamans" sont aujourd'hui dans une situation comparable. "Il faut que les politiques nous écoutent et votent une loi pour qu'il n'y ait plus d'acharnement thérapeutique", dit-elle. Des mesures pour l'accompagnement de la fin de vie Le ministre de la Santé Philippe Douste-Blazy a annoncé mercredi que 1.980 lits de soins palliatifs destinés à l'accompagnement de la fin de vie seraient créés, assurant que l'objectif de cinq lits pour 100.000 habitants serait atteint d'ici 2007. Par ailleurs, les 308 équipes mobiles de soins palliatifs seront renforcées grâce à la création de 35 nouvelles structures de ce type, pour que "les personnes puissent mourir à domicile, dans leur milieu familial", a précisé le ministre devant l'Assemblée nationale, lors des questions au gouvernement.