Mort d'Apolonio de Carvalho
Mort Apolonio de Carvalho, figure emblématique de la gauche brésilienneApolonio de Carvalho, figure emblématique de la gauche brésilienne et ancien membre des Brigades internationales et de la résistance française, est mort, vendredi 23 septembre, à Rio de Janeiro. Il était âgé de 93 ans.Animé par sa "passion libertaire" et l'idéal socialiste, ce qui lui a valu bien des jours de prison, de torture, d'exil et de batailles, le vieil homme au regard malin, lucide et enthousiaste jusqu'aux derniers moments de sa vie, disait "Je suis un incorrigible optimiste." Sa lutte sur plusieurs fronts au Brésil, en Espagne et en France, lui avait valu d'être surnommé par l'écrivain Jorge Amado, lui aussi militant du Parti communiste brésilien (PCB), le "héros de trois patries".Né en 1912 à Corumba (Mato Grosso), fils d'un militaire idéaliste, Apolonio de Carvalho débute sa carrière d'officier dans l'armée de terre brésilienne, mais, après son adhésion au Parti communiste et à la rébellion Tentative communiste de 1935, il est emprisonné et expulsé de l'armée.Libéré des prisons du dictateur Getulio Vargas, Apolonio de Carvalho s'engage dans les Brigades internationales pour participer à la guerre civile espagnole contre le général Franco. A la défaite des troupes républicaines, il rejoint la France et, après la capitulation, prend contact avec le maquis dans la région de Marseille. C'est là qu'il rencontre sa femme, Renée - qui était encore à son chevet vendredi -, elle-même membre de la résistance française.Avec les FFI, Apolonio de Carvalho participe à la libération du sud de la France, notamment des villes de Toulouse et d'Albi. Et, en cette année du Brésil en France, des hommages doivent lui être rendus en octobre, au Musée de la Résistance et de la Déportation de Toulouse, puis au Musée Jean-Moulin de Paris. Hommage qui seront donc à titre posthume.Physiquement affaibli, Apolonio de Carvalho n'avait pas envisagé de se rendre en France à l'automne, mais, le 16 août, il s'était déplacé à Sao Paulo, en tenant toujours Renée par la main, pour assister, au Théâtre de l'Alliance française, au lancement de ses Mémoires filmés, le documentaire Rêver à tout prix, qui sera présenté à la cinémathèque de Toulouse le 19 octobre.CARTE DU PT N° 1Pour avoir aussi participé à la fondation du Parti des travailleurs du Brésil (PT, gauche au pouvoir), ce compagnon de route du président Lula était détenteur de la carte numéro 1 d'affiliation au parti né dans la clandestinité sous le régime militaire (1964-1985).Confronté au scandale actuel du financement illicite du PT, Apolonio de Carvalho avait ce soir d'août déclaré au Monde "rester très fier de sa carte, et pleinement confiant dans la force créatrice de l'immense majorité des militants pour assainir le parti de ceux qui ont jeté bas la tradition de respect à l'éthique".Le président Luiz Inacio Lula da Silva a salué vendredi soir "un des plus grands exemples de bravoure, de courage et de cohérence de l'histoire brésilienne". De passage à Paris en juillet, le président brésilien avait cité Apolonio de Carvalho comme "un exemple des relations humaines qui lient la France et le Brésil".