nomination Antoni Macierewicz, dit "le liquidateur", nommé à la tête des services secrets polonais Accusés par le pouvoir en place de fourmiller d'anciens agents communistes, les services du renseignement militaire polonais (WSI) seront prochainement supprimés pour donner naissance à deux nouvelles structures. Un chantier stratégique que le nouveau premier ministre polonais, Jaroslaw Kaczynski, vient de confier à une figure controversée, Antoni Macierewicz. Historien de formation, engagé dans l'opposition anticommuniste dès la fin des années 1960, M. Macierewicz a géré le portefeuille de l'intérieur dans le cabinet de Jan Olszewski au début des années 1990, avant de louvoyer entre différents partis de la droite conservatrice, nationaliste et catholique. L'opinion publique polonaise retient surtout qu'il a divulgué, en 1992, devant le Parlement, une liste d'hommes politiques qu'il accusait, sans preuve, d'avoir collaboré avec la police politique communiste. Un document où figurait notamment le nom de l'ancien dirigeant polonais et chef historique du syndicat Solidarité, Lech Walesa. M. Macierewicz, celui que le quotidien Gazeta Wyborcza a baptisé "le liquidateur" dans son supplément reportage du lundi 24 juillet, vient donc de signer un retour en force dans l'exécutif polonais. Promu le 22 juillet vice-ministre de la défense chargé de chapeauter la réforme des WSI, il devra aussi plancher sur la création des nouveaux services de contre-espionnage militaire. Le 1er octobre, les WSI céderont en effet la place à deux nouveaux services de renseignement militaire. L'un de contre-espionnage (SKW), l'autre de renseignement (SWW). NOMINATION "CHOQUANTE" Décrits par la droite conservatrice comme un vestige du système communiste, les WSI ont été créés au début des années 1990. Une partie de leurs 1 800 employés ont été des fonctionnaires actifs sous le régime communiste. Ces derniers ont fait l'objet d'accusations tous azimuts : trafics d'armes, collaboration avec les services secrets russes, lutte d'influence, manipulation des médias et affaires de corruption. Commentant la suppression des WSI, le chef de gouvernement s'est félicité, samedi, du lancement d'"une opération extrêmement difficile, mais très importante pour la Pologne". Un message repris en choeur par les leaders de Droit et Justice (PiS) - le parti de M. Kaczynski, au pouvoir depuis l'automne 2005 -, qui avaient fait de la chasse aux anciens communistes l'une de ses promesses électorales. Bien qu'elle soit aussi partisane d'une réforme des services secrets militaires, l'opposition s'est inquiétée de la nomination de M. Macierewicz, un "agitateur" au tempérament redouté. Chef de file du parti libéral Plate-forme civique (PO), l'une des principales formations de l'opposition, Donald Tusk a parlé d'une nomination "choquante". Affichant également les couleurs du PO, le député Pawel Gras a fustigé : "L'arrivée de M. Macierewicz politise le renseignement militaire. C'est pourtant ce qu'on voulait éviter (...) en créant de nouveaux services."