Anniversaire Anniversaire de la répression de Tiananmen en ChineLes policiers sont en bas de chez moi. Ils m'ont clairement dit qu'il ne me laisseraient pas aller au cimetière aujourd'hui", a déclaré à l'AFP Ding Zilin, chef de file des Mères de Tiananmen qui se bat depuis 1989 pour que la lumière soit faite sur le massacre par l'armée des centaines, voire de milliers de civils désarmés, parmi lesquels son fils, âgé à l'époque de 17 ans, tué d'une balle dans le dos.DE NOMBREUX POLICIERS EN CIVIL AUTOUR DE LA PLACE"Depuis 16 ans, je n'ai jamais pu me rendre le 3 juin à 11 heures du soir au carrefour de Muxidi, là où mon fils est mort", a regretté Mme Ding qui a adressé il y a une semaine une lettre ouverte demandant des excuses au président chinois Hu Jintao."Vous et vos prédécesseurs avez effacé la mémoire du 4 juin des livres. En cela, vous avez bien réussi. Vous avez été plus méthodiques que ces comploteurs japonais de l'aile droite qui ont tenté d'effacer l'histoire du massacre de Nankin", épisode le plus sanglant de la guerre sino-japonaise de 1937-45, ont accusé dans leur lettre les Mères de Tiananmen.D'autres parents ont pu cette année se rendre dans un cimetière de l'ouest de la capitale où sont enterrés huit victimes du massacre, alors qu'ils en avaient été empêchés l'an passé, mais sous haute surveillance policière."La sécurité d'Etat était venue me mettre en garde le 1er juin contre toute activité ou rassemblement. Aujourd'hui, trois policiers m'ont suivi et lorsque nous sommes arrivés au cimetière, il y en avait une vingtaine, cachés derrière les arbres avec leurs téléphones portables", a déclaré de son côté Zhang Xianling, qui a également perdu son fils dans la nuit du 3 au 4 juin 1989.Sur la place Tiananmen, la sécurité avait été renforcée, particulièrement en début de journée. Un grand nombre policiers en civil et en uniforme étaient présents pour la cérémonie quotidienne du lever de drapeau qui a eu lieu à 4 heures 50 du matin (22 heures 50, heure française, vendredi), face au portrait de Mao Tsé-toung, en présence d'environ 400 touristes.UNE PRÉSENCE POLICIÈRE QUI S'EFFACE DANS LA JOURNÉEMais en milieu de journée, la présence des forces de l'ordre n'était pas plus visible qu'à l'ordinaire. "Ce n'est pas quelque chose dont je veux parler", a déclaré un visiteur originaire de la province du Guangdong (sud) à propos des évènements de 1989. "Regardez ce que notre pays a accompli au cours des 16 dernières années", a ajouté de retraité âgé d'une soixantaine d'années. Le même argument avait été utilisé cette semaine par le gouvernement pour justifier la répression.Dans une ruelle du vieux Pékin, deux policiers montaient la garde devant la résidence où l'ancien dirigeant réformiste Zhao Ziyang, mort en janvier dernier, avait été assigné au cours des 15 dernières années de sa vie.A Hong Kong, une veillée aux chandelles devait avoir lieu, comme tous les ans, en souvenir des victimes. Les organisateurs attendaient cette année 50 000 personnes, tandis que le gouvernement chinois refuse toujours l'instauration du suffrage universel dans l'ancienne colonie britannique.
