Mort d'André Lécrivain Agrégé

Mort André Lécrivain Agrégé de philosophie et ancien élève de l'Ecole nationale supérieure (ENS) de Saint-Cloud, André Lécrivain est mort à l'âge de 78 ans, vendredi 29 septembre, près de Nuits-Saint-Georges (Côte-d'Or). Né en 1928, bourguignon d'origine, André Lécrivain a consacré la plus grande partie de sa carrière à l'enseignement en première supérieure au lycée Honoré-de- Balzac à Paris et, parallèlement, à l'ENS de Saint-Cloud sous la forme de séminaires, d'où sont notamment sortis une importante étude sur la physique de Spinoza puis, en collaboration avec plusieurs de ses anciens élèves, un grand Commentaire de la science de la logique de Hegel (Aubier, 3 vol.). Après sa retraite, André Lécrivain a publié Hegel et l'éthicité (Vrin), ainsi qu'une remarquable édition du Traité de la réforme de l'entendement de Spinoza (GF-Flammarion). Avec cet homme d'une grande qualité humaine disparaît aussi l'un des plus éminents professeurs de khâgne de ces trente dernières années, qui a marqué des générations d'élèves. Ce professeur ne nous a pas seulement fait profiter de son savoir philosophique impressionnant par son étendue, sa diversité et sa maîtrise. Il nous a donné l'exemple de ce que peut être une vie professorale consacrée à la formation comme à l'émancipation de l'esprit, à la pratique constante de l'exercice rigoureux et exigeant de la réflexion. Ses cours, pieusement conservés, sont demeurés pour nous tous des modèles de rigueur analytique et de synthèse du savoir philosophique. Loin de toute vaine érudition, ils permettaient de faire un apprentissage méthodique de la lecture des textes philosophiques, dans un souci d'exactitude et de rigueur. André Lécrivain travaillait les oeuvres philosophiques comme Spinoza polissait ses verres, artisan animé par une exigence de perfection. Sa vie, comme aussi celle de Spinoza, témoignait d'un véritable amour de la liberté et d'un désir d'indépendance intransigeant. Il était l'homme d'une vocation, celle du métier de professeur, qu'il exerçait avec une modestie contrastant avec la grandeur de ce qu'il faisait advenir. Peu de temps avant sa mort, André Lécrivain avait achevé un livre intitulé Descartes et Elisabeth : une correspondance philosophique, à paraître. Il y montre que le dialogue philosophique, même entre un grand philosophe et une jeune princesse, fait circuler la pensée jusqu'à établir entre les esprits une égalité remarquable.