Mort d'André Labarrère

Mort André Labarrère, maire socialiste de Pau André Labarrère, maire socialiste de Pau, est mort à l'âge de 78 ans, a annoncé, mardi 16 mai, le PS. La mairie de Pau a confirmé ce décès intervenu à l'hôpital de Pau, mardi très tôt dans la matinée. André Labarrère avait annoncé le 11 avril qu'il était atteint d'un cancer. L'homme faisait figure de mentor dans la vie politique béarnaise, même si son franc-parler et ses prises de position iconoclastes dérangeaient parfois ses propres alliés. Siégeant au Sénat depuis 2001, il avait été un des tout premiers élus à annoncer publiquement son homosexualité, avant de prendre le contre-pied en se déclarant, en 2004, opposé au mariage homosexuel. A l'époque, le député Vert Noël Mamère avait lancé la polémique en célébrant, à Bègles, les noces d'un couple gay. André Labarrère n'avait pas mâché ses mots : "Je trouve qu'il y a assez de cocus pour ne pas ajouter les homos !" , déclarait-il dans une interview à Sud-Ouest en mai 2004, après avoir qualifié de "gâchis épouvantable" les mariages qui finissent en divorce. "Etre homosexuel est très difficile à vivre. Quand je me suis déclaré, c'était pour aider les jeunes, pour leur dire : voilà, vous êtes homos, acceptez-vous et tout n'est pas perdu", confiait-il au même journal. INSAISISSABLE "DÉDÉ" Né le 12 janvier 1928, "Dédé", comme le surnommaient nombre d'élus locaux de tous bords, est élu député des Pyrénées-Atlantiques pour la première fois en mars 1967. En 1981, il devient ministre délégué, chargé des relations avec le Parlement auprès de François Mitterrand, qu'il côtoyait depuis 1967. Il conservera ce portefeuille jusqu'en 1986. Dans les rangs socialistes, son côté insaisissable et son franc-parler amusait ou exaspérait. Laurent Fabius en avait pris pour son grade alors qu'il faisait campagne pour le "non" au référendum sur la Constitution européenne. Lionel Jospin, lui, s'était vu accusé de trahison pour avoir "quitté le bateau dans la détresse" au lendemain de l'élection présidentielle de 2002. Plus récemment, André Labarrère s'était prononcé en faveur de Dominique Strauss-Kahn – "car il a des qualités" –, puis pour Ségolène Royal. "Il faut vraiment se battre pour une nouvelle image de la politique (...), et Ségolène Royal peut apporter cette nouvelle image", déclarait-il en février 2006 sur les ondes de Sud-Radio. Cultivant de solides amitiés locales, se jouant des clivages politiques traditionnels, il réussit à se faire réélire cinq fois à la mairie de Pau, dans une région où pourtant le centre droit domine. "J'ai eu tous les mandats. Député, sénateur, ministre, maire, conseiller général, président du conseil régional. Il ne me manque que la présidence de la République que je laisse à un Béarnais car je n'en ai ni les moyens ni l'envie", confiait-t-il sur son blog, songeant peut-être au président de l'UDF, François Bayrou, natif lui aussi d'un petit village de la région de Pau. Ce dernier a d'ailleurs souvent été désigné comme potentiel successeur d'André Labarrère à la mairie. Mais malgré sa santé flageolante, le septuagénaire n'avait jamais adoubé de dauphin, laissant régulièrement entendre qu'il se verrait bien finir sa vie dans son fauteuil de maire. Pari réussi.