Mort d'André Giresse

Mort André Giresse, magistrat Ancien président de la cour d'assises de Paris (1975-1985), André Giresse est mort, jeudi 2 février, à l'âge de 83 ans. Né en 1922 à Madagascar, il avait commencé sa carrière dans la magistrature dans les territoires colonisés par la France en Afrique et n'était revenu en métropole qu'en 1961. Visage taillé à la serpe, traits émaciés, André Giresse était l'une de ces figures que l'on n'oublie pas. Partisan avoué de la peine de mort, il avait été surnommé "l'amoureux de la Veuve (la guillotine)". En octobre 1980, la cour placée sous sa présidence avait condamné à la peine capitale Philippe Maurice, première décision en ce sens prise à Paris depuis dix-sept ans. Deux accusés avaient ensuite refusé d'être jugés par lui, au prétexte qu'ils redoutaient sa "partialité". En 1987, il avait écrit un livre intitulé Seule la vérité blesse (Plon), dans lequel il défendait sa conception d'une justice qui "n'est noble qu'impartiale". Entre-temps, le président de la cour d'assises de Paris avait quitté ses fonctions avec fracas, le 13 novembre 1985, dénonçant la présence au Palais de justice "d'un quarteron d'avocats influents, ceux du milieu, ces avocats de la pègre qui font la loi dans les prétoires". Commencé à gauche, le parcours du magistrat Giresse s'est achevé à l'extrême droite. Adhérent du Parti socialiste entre 1972 et 1979, il avait participé à la réflexion sur la réforme de la justice. Il se présentait alors comme un fervent admirateur de François Mitterrand et de son livre Le Coup d'Etat permanent, "livre de chevet, de références, de méditations". Il s'en était éloigné en 1979, opposé à l'abolition de la peine de mort et au droit de vote aux immigrés, préconisés par celui qui était alors le premier secrétaire du PS. Le virage à droite avait alors été extrêmement brutal. Aux élections législatives de 1986, il avait soutenu le Front national de Jean-Marie Le Pen et était devenu un habitué des colonnes de la presse d'extrême droite, à laquelle il accordait régulièrement des entretiens. Il avait en outre figuré au sein du comité de patronage d'Identité, la revue théorique du FN. Au tribunal, le président Giresse avait eu son moment de gloire en 1981, lors du procès des assassins du prince de Broglie, un proche du pouvoir giscardien tué en 1976 dans de mystérieuses circonstances. Stigmatisant un "Watergate à la française", il s'était élevé contre "le maquillage d'une affaire d'Etat en assassinat crapuleux". "La justice n'a pas été seulement tenue pour quantité négligeable, avait-il écrit dans son livre. Elle a été froidement circonvenue." Fort peu disposé à la contradiction, André Giresse avait qualifié dans le même ouvrage ses détracteurs de "sots ou hypocrites". Il est vrai que le sous-titre de Seule la vérité blesse était... L'Honneur de déplaire.