Mort d'André Barjonet

Mort André Barjonet, expert économique de la CGT et ancien dirigeant du PSU André Barjonet, ancien secrétaire du Centre d'études économiques de la CGT et ancien dirigeant du PSU, est mort mardi 15 novembre à Laval. Il était âgé de 84 ans. Né le 9 janvier 1921 à Taza, au Maroc, fils d'officier, André Barjonet adhère, juste avant 1939, aux étudiants communistes, puis au PCF. Jeune résistant, au sein du Front uni de la jeunesse patriote, il arrête ses études de géographie et devient, en 1946, secrétaire du Centre d'études économiques de la CGT. A travers de nombreux ouvrages — comme L'Exploitation capitaliste et Qu'est-ce que l'économie politique ? —, il se forge une réputation d'expert des questions économiques et sociales. Marxiste convaincu, André Barjonet veut concilier "l'efficacité révolutionnaire, la démocratie et la liberté". Au Conseil économique et social (CES), où il entre en 1959 et devient vice-président de la section de la conjoncture, il s'adapte à ce cadre plus consensuel et fait voter, à l'unanimité, en 1965, un avis sur la nécessité d'une information économique... "complète et objective". Dès les premiers jours des événements de mai 1968, l'anti-stalinien André Barjonet prend ses distances avec une direction de la CGT accusée d'être intégrée "à l'appareil d'Etat" et de s'être comportée en "grande puissance garante du maintien de l'ordre". Le 25 mai 1968, il démissionne de la CGT — ce qui entraîne sa sortie du CES —, puis quitte le Parti communiste. Il croit que la situation est révolutionnaire et il le proclame, le 27 mai 1968, devant des dizaines de milliers de jeunes au stade de Charléty : "Aujourd'hui, tout est possible. Mais il faut s'organiser vite, très vite. (...) La révolution exige le foisonnement et la diversité des idées". "Déchiré" par son départ de la CGT, André Barjonet ne perd pas l'espoir de reconstruire l'union avec "tous ceux qui, à l'intérieur de la CGT et du Parti communiste français, se réclament de Trotski, de Mao, de l'anarchie, du situationnisme ou de rien du tout, mais qui veulent la révolution". André Barjonet raconte ses déceptions dans plusieurs livres comme La Révolution trahie de 1968 ou encore celui, orienté mais didactique, sur La CGT. Il s'engage au Parti socialiste unifié (PSU) de Michel Rocard. En octobre 1974, il refuse de rejoindre, comme M. Rocard, le PS, mais se déclare ouvert à des collaborations avec les socialistes pour "déplacer à gauche l'axe de la coalition populaire". Après 1981, André Barjonet abandonne la politique active.