Annonce Ancien leader des mineurs roumains, l'"Etoile du matin" sort de prison Miron Cozma, ancien leader des mineurs roumains, l'homme qui, selon ses dires, "fait et défait des gouvernements" , est sorti de prison, mercredi 15 juin, provoquant un concert de protestations à Bucarest. Ce même jour, les Roumains commémoraient la violente descente des mineurs à Bucarest. Le 15 juin 1990, à la demande du président Ion Iliescu, Miron Cozma débarquait dans la capitale roumaine à la tête de plusieurs milliers de mineurs. Leur mission : écraser la manifestation anticommuniste qui occupait depuis un mois la place de l'Université, déclarée à l'époque "zone libre de communisme" . UNE VILLE DÉVASTÉE Cette action contre "ces intellectuels qui veulent vendre notre pays aux étrangers" se soldait par une dizaine de morts, quelques centaines de blessés graves et 1 300 arrestations. La destruction des sièges des partis d'opposition et la chasse contre leurs leaders dans une ville dévastée étaient qualifiées officiellement de "dégâts collatéraux" . Non sans avoir remercié publiquement les mineurs pour le "succès" de l'opération, Ion Iliescu faisait à nouveau appel à cette milice personnelle en septembre 1991 pour faire tomber le gouvernement de Petre Roman, jugé trop réformiste. Cette fois, les mineurs se contentent de mettre le feu au siège du gouvernement et de déambuler dans une ville presque déserte, les Bucarestois ayant préféré rester chez eux. En 1999, après une alternance politique qui a propulsé Ion Iliescu dans l'opposition, Miron Cozma fait l'objet d'un mandat d'arrêt. Soutenu cette fois encore par Ion Iliescu, il se dirige vers Bucarest accompagné de quelques milliers d'acolytes. Mais avant d'arriver dans la capitale roumaine ceux-ci sont stoppés par une intervention vigoureuse de la police et de l'armée. L'homme surnommé "l'étoile du matin de la vallée du Jiu" , qui ne parlait de lui-même qu'à la troisième personne, est condamné à 18 ans de prison. Un an plus tard, Ion Iliescu occupait à nouveau le fauteuil présidentiel. Le 16 décembre 2004, il mettait à profit la fin de son mandat pour gracier son ancien homme de main. Mais la libération de Miron Cozma ne dure que 24 heures. Surpris par une grêle de protestations, le président revient sur sa décision, et, au mépris de la Constitution, qui réserve ce pouvoir au Parlement, il abroge le décret de grâce. L'"Etoile du matin" regagne sa prison mais fait appel en justice, gagne son procès et, depuis le 15 juin, est à nouveau en liberté. "C'est le camarade Ion Iliescu qui aurait dû aller en prison à ma place, car c'est lui l'auteur de ces actions, a-t-il déclaré. Je vais d'ailleurs m'inscrire dans l'association des victimes des mineurs." "WANTED" Miron Cozma aura bien du mal à se faire accepter par ses victimes. Mais Ion Iliescu en aura encore plus à convaincre la justice qu'il n'est pas responsable des violences perpétrées par les mineurs. Mis en accusation par le parquet de Bucarest, il est convoqué le 22 juin pour un interrogatoire qui s'annonce serré. Entre-temps, une affiche le représentant en cow-boy avec pour titre "Wanted" circule dans la capitale roumaine, qui entend tourner la page de son passé communiste.
