Annonce Amiante. Le bateau est «bloqué» à Toulon jusqu'à l'audience du 14 avril. Le «Clemenceau», un dossier prioritaire pour la justice L'affaire du Clemenceau doit être jugée en priorité : ainsi en a décidé le président de la cour d'appel de Paris, saisi par les deux associations qui s'opposent au départ de l'ex-porte-avions pour l'Inde, où doit être achevé son désamiantage. Le juge a fixé l'audience au 14 avril. «Une victoire», estiment Ban-Asbestos («Bannir l'amiante») et l'Association nationale de défense des victimes de l'amiante (Andeva) car cette décision devrait momentanément bloquer le Clem à Toulon. «Si l'Etat décidait de le faire partir avant le 14 avril, ce serait un camouflet pour la justice !» commente Annie Thébaud-Mony pour Ban-Asbestos. Les associations avaient déposé le 22 février une assignation en référé devant le tribunal de grande instance de Paris. Elles jugent illégale l'exportation des tonnes d'amiante restant à bord du navire après son désamiantage partiel à Toulon. Selon elles, cet envoi contrevient à trois législations environnementales. Et elles estiment irresponsable de se débarrasser de ces déchets en Inde, où l'amiante, fibre minérale cancérogène, est encore autorisé (il a été interdit en France en 1997), et où la sécurité des travailleurs de l'amiante est moins bien assurée. Le 15 mars, le juge des référés s'était déclaré incompétent en présumant que le contrat passé entre l'Etat français et la société Ship Decommissioning Industry (SDI), pour le désamiantage et le démantèlement, était d'ordre public, donc du ressort d'un tribunal administratif. Les associations avaient aussitôt fait appel pour tenter de bloquer le Clemenceau. C'est aussi pour empêcher à tout prix le départ du bateau que le navigateur Jo Le Guen a décidé d'intervenir. Au nom du Syndicat pour l'assainissement du monde maritime, il a déposé une plainte avec constitution de partie civile auprès du tribunal de grande instance de Toulon. «Cela fait cinq ans que je travaille sur les conventions Fipol pour les indemnisations liées aux marées noires, rappelle-t-il, et j'en ai marre que les Etats ne respectent pas leur signature.» Il invoque les mêmes législations que Ban-Asbestos et l'Andeva ­ la convention de Bâle sur les mouvements transfrontaliers de déchets dangereux, le code de l'environnement et un règlement européen ­ pour affirmer que la France ne peut exporter ainsi de l'amiante.