Concert Ambiance de Woodstock régional pour les Vieilles CharruesAssis appuyé contre une des clôtures, sa fille lovée endormie sur ses genoux, Thierry, la quarantaine, avoue qu'il vient ici pour la première fois. Arrivé le matin de Charente-Maritime, il "passait par le coin" et a voulu venir voir Deep Purple qu'il a "pas mal écouté". Mais le groupe des années 1970 se fait attendre...Quelque 130 000 personnes ont afflué, dès vendredi 22 juillet, pour assister au Festival les Vieilles Charrues sur la prairie de Kerampuil, dans la commune de Carhaix (Finistère). Autour du site où doit se tenir, jusqu'au 24 juillet, l'un des plus grands rassemblements de rock de France (Le Monde du 22 juillet), des centaines de bénévoles, en gilet jaune ou tee-shirt rouge, appuyés par des sociétés de gardiennage, filtrent les allées et venues.Certains, un peu plus énervés que nécessaire, arborent le tee-shirt des Hells Angels. La foule arrive en famille, en bandes d'adolescents, voire en équipe de foot ou de club de vélo. Les perruques jaune fluo des supporteurs de stade côtoient les accoutrements néo-baba-cool ou des tenues paramilitaires. Au milieu des barquettes de frites et des pichets de bière, les bouteilles en plastique aux breuvages de couleurs étranges circulent. Jaune pastis ou orange façon cocktail au rhum, les fêtards ont été priés de laisser les bouteilles en verre à l'entrée mais autorisés à les transvaser.L'esprit de fête de Carhaix est simple : 200 000 litres de bière, 2,4 tonnes de merguez et autant de frites y sont engloutis pendant le week-end. "J'ai l'impression d'être à un Mickeyland franchouillard", observe Samuel, un jeune Parisien un rien dandy. "J'ai mis une heure à trouver une place en tournant dans les douze campings aménagés" , lance-t-il."ENVIE DE SE FAIRE PLAISIR"Les drapeaux les plus variés flottent comme autant de points de repère des tribus qui ont envahi les champs autour des trois scènes. Les Pace italiens contre la guerre en Irak, les nombreux fanions bretons, comme les logos de l'association altermondialiste Attac ou plus simplement des panneaux de Ricard.Brice, 25 ans, "travailleur dans la santé", un bob sur la tête et des tongs aux pieds, arbore un grand drap blanc où on peut lire "J'aime pas TF1" . Le "T" a été effacé. Le service de sécurité lui a fait enlever, explique-t-il. Pourtant, continue-t-il un brin amusé, s'il est revenu aux Vieilles Charrues, c'est parce qu'il a "envie de se faire plaisir en écoutant des groupes qui ne sont pas dans le système de la Star Academy" . Catherine, le fanion basque levé pour retrouver ses amis, est là pour la deuxième année consécutive parce qu'elle aime "la programmation variée" du festival breton.Vingt-six euros la journée pour cinq grands groupes et une quinzaine d'artistes sur les scènes annexes, des jeunes talents, du théâtre de rue et un cabaret breton, le prix attire tous les jeunes de la région depuis le lancement de la manifestation voilà treize ans. Sans compter que les organisateurs du festival offrent à quelque 6 000 jeunes bénévoles un pass gratuit moyennant quatre heures de travail par jour.Mathieu, bracelet violet au poignet et joues rougies par le soleil, "a rangé les voitures sur le parking" . "Si la musique s'arrête à 3 heures, on peut continuer l'ambiance au camping", se réjouit-il en avalant son assiette de tartiflette. Sur la grande scène, les stars du jour : Deep Purple enchaîne ses vieux standards avec la bande-son du film Star Wars revisitée. Ils ont succédé à la troupe cubaine de Buena Vista Social Club, un peu décalée dans cette ambiance de Woodstock régional.Au pied de la scène, la chanteuse Jeanne Cherhal s'avoue "déstabilisée par cette marée humaine" . Jane Birkin lance un "magnifique !" après avoir exécuté un duo avec Alain Chamfort sur un tube de Mélodie Nelson de Serge Gainsbourg. Des portraits d'Ingrid Betancourt, prisonnière des FARC en Colombie, ornent les grilles. Le festival a voulu saluer son "courage".Le groupe de Manchester New Order a, lui, simplement affiché une banderole en fond de scène : "Love to London", en signe de solidarité avec la capitale anglaise frappée par les attentats. Florian, un tee-shirt en guise de turban sur la tête, s'"en fout" . Il attend le groupe punk-électro américain LCD Soundsystem, avoue-t-il en titubant.Festival les Vieilles Charrues. Carhaix (Finistère). Le 12 juillet. Jusqu'au 24 juillet. Infos Festivaliers : 08-20-89-00-66 (prix d'un appel local). www.vieillescharrues.asso.fr
