Mort d'Alvaro Cunhal

Mort Alvaro Cunhal, fauché par la faucille Le père du communisme portugais, héros des résistants à Salazar, est mort hier à 91 ans. Le leader historique du Parti communiste portugais (PCP), Alvaro Cunhal, est mort hier à l'âge de 91 ans. Resté farouchement orthodoxe, Cunhal avait adhéré au PCP, alors clandestin, en 1931, pour combattre le régime réactionnaire de Salazar. Né en novembre 1913 à Coimbra, ce fils d'un avocat avait rejoint les communistes à son entrée à la faculté de Lisbonne. Arrêté par la Pide, la police politique de Salazar, en 1949, le militant passe huit ans dans un cachot. Son évasion, en 1960, contribuera à le métamorphoser en héros romantique aux yeux des Portugais. «Je me sens bien quand je combats», disait-il. Après des années d'exil à Moscou et à Prague, il rentre au Portugal quelques jours après la révolution des OEillets qui renverse, le 25 avril 1974, le régime dictatorial salazariste, vieux de près d'un demi-siècle. Résistance. Cunhal sera peu de temps ministre sans portefeuille du premier gouvernement provisoire. En novembre 1975, il intervient au dernier moment pour empêcher la prise du pouvoir par son parti, afin, explique-t-il, d'éviter la guerre civile. Il laisse alors passer sa chance : alors que le PCP, le «parti de l'Alentejo», du nom de la région la plus pauvre du pays, qui lui est acquise, obtient jusqu'à 1 million de voix, Cunhal entre en résistance. Aligné sur Moscou, il devient à la même époque un farouche opposant à l'«eurocommunisme», cette tentative de s'éloigner du modèle soviétique lancée par l'Italien Berlinguer, avec le soutien du PC espagnol et, plus mollement, du Parti communisme français. Cunhal, lui, ne déviera jamais de la ligne marxiste-léniniste. Contre le «traître» Gorbatchev et sa perestroïka, contre la chute du mur de Berlin, contre les rénovateurs de son parti. Coulisses. Aujourd'hui, le PCP n'a toujours pas renoncé à la dictature du prolétariat, mais son électorat a vieilli et n'a atteint que 7 % des voix aux législatives de février dernier. Cunhal, à la fois craint et admiré, s'était officiellement retiré de la direction du parti depuis 1992, mais continuait à tirer les ficelles en coulisses. Le Portugal tout entier rend hommage au dernier des staliniens, qui sera enterré demain, décrété jour de deuil national.