Condamnation Alstom Power Boilers condamnée pour avoir exposé ses salariés à l'amiante a société Alstom Power Boilers, jugée pour avoir exposé ses salariés à l'amiante à Lys-lez-Lannoy (Nord) de 1998 à 2001, a été condamnée, lundi 4 septembre, à 75 000 euros d'amende par le tribunal correctionnel de Lille. Il s'agit là de la peine maximale que la justice pouvait infliger à l'entreprise pour "mise en danger de la vie d'autrui". Un ex-directeur de la société, également poursuivi pour non-respect des règles d'hygiène et de sécurité, a également été condamné à 9 mois de prison avec sursis – soit trois mois de moins que ce qu'avait requis le procureur –, et 3 000 euros d'amende. Enfin, Alstom Power Boilers a été condamnée à verser 10 000 euros à chacun de ses 150 salariés et chacune des associations qui s'étaient portées partie civile au procès. Elle devra également afficher le jugement pendant deux mois au siège d'Alstom, et le publier dans plusieurs quotidiens nationaux et régionaux. "ON VIT UNE PREMIÈRE" Tout au long du procès, les accusés avaient répété, à plusieurs reprises, avoir protégé les ouvriers de l'usine de chaudières de Lys-lez-Lannoy (Nord). L'avocat d'Alstom Power Boilers, Me Patrick Maisonneuve, avait même affirmé qu'"Alstom a été dans notre pays un des groupes qui s'est sensibilisé parmi les premiers au problème de l'amiante". Mais le parquet avait dressé une liste des "manquements élémentaires" imputables au groupe Alstom : "Pas d'information des salariés, pas de notice, pas de formation, pas de protection"... Autant d'éléments prévus dans un décret datant de 1996. "Il n'y a jamais eu aucune société condamnée à une telle somme : 10 000 euros pour chacun des salariés partie civile, en général cela ne dépasse pas 500 à 700 euros de préjudice. Aujourd'hui, on vit une première", a remarqué l'ancien secrétaire du comité d'entreprise du site nordiste, Sylvain Stanesco. Me Jean-Paul Tessonnière, l'avocat des parties civiles, s'est réjoui que le tribunal ait "fait aujourd'hui une œuvre utile". "Là, nous entrons dans des condamnations qui ont un effet immédiatement dissuasif. C'est-à-dire qu'elles sont utiles pour la prévention des risques au travail", a-t-il estimé. Les avocats de la société et de l'ex-directeur, Mes Maisonneuve et Cornut-Gentille, ont déclaré à la sortie du tribunal être en "total désaccord" avec le jugement, dont ils attendent la copie pour décider s'ils font appel ou non.