Annonce Alstom demande la suspension du contrat de Bombardier pour le marché des Transiliens Le jour de l'attribution du marché du renouvellement du réseau Transilien au canadien Bombardier, le 25 octobre, Patrick Kron, PDG d'Alstom, avait indiqué qu'il avait demandé à ses équipes "d'examiner la situation et en particulier les conditions d'attribution de ce contrat (...) et d'en tirer les conclusions qui s'imposent". Les conclusions ne se sont pas fait attendre : le groupe français a demandé à la justice de se prononcer sur la régularité de l'attribution par la SNCF de ce méga-contrat à son concurrent canadien Bombardier. "Nous avons engagé un recours auprès du juge pour vérifier la régularité des conditions dans lesquelles l'appel d'offres a été conduit", a indiqué, jeudi 2 novembre, une porte-parole d'Alstom Transport, division équipement ferrovaire, sans toutefois détailler les motifs du recours déposé, qui suspend la signature effective du contrat. Fournisseur historique de la SNCF, le groupe français a introduit une "requête en référé précontractuelle auprès du tribunal administratif de Paris concernant le marché [du Transilien]. Le groupe demande la suspension de la signature du marché" , a précisé un porte-parole de la SNCF. Bombardier a aussitôt réagi en indiquant qu'il étudiait "dès à présent les réponses juridiques adaptées à cette action afin de préserver ses intérêts". Le groupe canadien a par ailleurs "rappelé que ce marché a été attribué à l'issue d'un appel d'offres européen". Le vaste chantier du renouvellement du Transilien coûtera au total près de 4 milliards d'euros à la SNCF et au Syndicat des transports d'Ile-de-France (STIF), dont 2,7 milliards ont été attribués à Bombardier pour l'achat de matériel roulant neuf. La première tranche porte sur la fourniture d'ici 2009 de 172 trains, soit 20 % des trains du réseau, pour un montant global de 1,85 milliard, dont 1,35 milliard pour Bombardier. Ce méga-contrat comprend aussi une option sur 200 rames supplémentaires, livrables à partir de 2016. "PATRIOTISME ÉCONOMIQUE" Les Transiliens nouvelle génération commenceront à remplacer les vieilles rames en inox à partir de 2009. Les livraisons sont prévues jusqu'en 2015, à raison de trente rames par an en moyenne. Alstom doit en principe récupérer une partie non encore déterminée du marché en sous-traitance. Bombardier a assuré vouloir associer son concurrent "de manière très significative", en particulier le site de production alsacien d'Alstom à Reichshoffen, dans le Bas-Rhin. Des négociations devaient reprendre entre les deux groupes sur cette question après la signature du contrat qui devait intervenir cette semaine. Au lendemain de l'annonce de ce méga-contrat, des voix politiques et syndicales s'étaient élevées, au nom du "patriotisme économique", pour dénoncer l'octroi de ce contrat au constructeur canadien. Ce n'est cependant pas la première fois que les deux groupes se retrouvent devant les tribunaux. Alstom a déjà fustigé Bombardier, qu'il soupçonne de profiter de ses contrats au Canada, notamment pour les métros de Montréal et de Toronto, emportés sans appel d'offres, pour proposer des prix inférieurs sur les marchés étrangers. Alstom a déposé fin juin une requête devant la cour supérieure du Québec demandant la tenue d'un appel d'offres pour le contrat de Montréal, et étudie toujours la possibilité de saisir l'Organisation mondiale du commerce.