Statistique Allemagne : Le nombre de sans-emploi s'élèverait à 4,43 millions fin décembre Le chômage allemand à son plus haut depuis 1997 Le tournant sur le marché du travail allemand n'est toujours pas en vue. Avant la publication officielle mardi prochain des chiffres du chômage de décembre, les quotidiens Die Welt et Bild-Zeitung ont annoncé hier que le nombre de chômeurs a encore augmenté en décembre, de 173 000 personnes par rapport à novembre (en données brutes). Leur nombre a atteint 4,43 millions, ce qui constitue, selon des «experts du marché du travail» cités par les journaux, le chiffre le plus élevé que l'Allemagne ait connu depuis 1997. Certes, en moyenne annuelle, le nombre de chômeurs resterait stable par rapport à 2003, à environ 4,38 millions. Mais il s'agit là d'un effet d'optique puisque ce chiffre ne prend pas en compte les quelque 90 000 personnes en formation, qui ont été sorties des statistiques en début d'année. Les sans-emploi âgés de plus de 58 ans ne sont également pas comptabilisés. Pire, l'entrée en vigueur début 2005 de la législation Hartz-IV, qui vise à fusionner les allocations chômage et l'aide sociale, pourrait hisser durant l'hiver le nombre de chômeurs au-dessus de la barre fatidique de 5 millions. Le record de 4,824 millions enregistré en janvier 1998 sous le précédent gouvernement du conservateur Helmut Kohl sera en tous les cas dépassé. Un chiffre que son successeur Gerhard Schröder avait alors promis de faire baisser et qui pourrait peser sur l'élection régionale en Rhénanie du Nord-Westphalie prévue au printemps prochain. Dans un article à paraître aujourd'hui dans le Süddeutschen Zeitung, le ministre de l'Economie Wolfgang Clement rappelle toutefois que «l'objectif du plein emploi pourrait être atteint d'ici à 2010». Il n'empêche. La conjoncture, marquée par des plans sociaux en série, ne pousse guère à l'optimisme. La semaine dernière, trois des principaux instituts de conjoncture allemands avaient revu à la baisse leurs prévisions de croissance tant pour 2004 que pour 2005. Alors que le gouvernement attend une hausse du PIB de 1,7% pour l'année prochaine, l'IFO table désormais sur une progression de 1,2%, l'institut de Halle (IWH) de 1,3% et celui de Hambourg (HWWA) de seulement 0,9%. Le pays «se trouve depuis une décennie dans une crise conjoncturelle, dont la fin n'est pas en vue», avait alors estimé le président de l'institut IFO, Hans-Werner Sinn. Il est vrai que l'appréciation du taux de change de l'euro face au dollar, qui pèse sur les exportations allemandes, fer de lance de la croissance allemande, freine considérablement le commerce extérieur. Pour cette raison, Hans-Werner Sinn avait estimé que «le temps était venu» pour la Banque centrale européenne et les autres grandes banques centrales dans le monde d'intervenir sur le marché des changes pour stopper la baisse du dollar. Le ministre allemand des Finances, Hans Eichel, avait renchéri quelques jours plus tard en souhaitant que le gouvernement américain prenne des mesures énergiques contre leur déficit budgétaire, principale cause de la montée de l'euro contre le dollar.