Mort d'Alfredo Rodriguez
Mort Alfredo Rodriguez, pianiste et compositeur de latin jazz et de salsaExcellent pianiste et compositeur persuasif de latin jazz et de salsa, Alfredo Rodriguez est mort des suites d'un cancer, lundi 3 octobre, à l'hôpital Bretonneau à Paris. Il était âgé de 69 ans.Alfredo Rodriguez était, avec le chanteur panaméen Camilo Azuquita et le trompettiste cubain Ernesto "Tito" Puente, un des plus anciens leaders de la scène afro-cubaine parisienne. Quand il ne jouait pas sous son propre nom, il n'était pas rare de le voir, menue silhouette et chapeau élégant, se glisser vers le piano pour rejoindre des collègues de passage à Paris.Né à La Havane en 1936, Alfredo Rodriguez suit d'abord une formation musicale classique, qu'il complète à New York, après avoir quitté Cuba en 1960. Il fait ses débuts professionnels en 1966, au sein de l'orchestre d'un autre exilé cubain, Vicentico Valdes. Deux ans plus tard, il monte sa propre formation avant de devenir l'un des pianistes les plus en vue du monde de la salsa et du latin jazz à New York.En tournée, en studio, il joue et enregistre avec nombre de célébrités : la Sonora Matancera, Joe Cuba, Celia Cruz, Cheo Feliciano, Tito Puente, Dizzie Gillespie, Maria Bauza, Carlos "Patato" Valdes (avec qui il enregistre Ready for Freddy, considéré comme l'un des disques jalons de la musique afro-cubaine), la Lupe, Willie Rosario, Roberto Torres... on le voit partout - ou presque.En 1983, il s'installe à Paris, après avoir animé pendant des nuits (avec le saxophoniste Allen Hoist, Artie Weeb, ancien flûtiste de Ray Barretto à New York, et le percussionniste Patato Valdes) la Chapelle des Lombards, lieu phare de la musique latine à Paris à l'époque.Alfredo Rodriguez ne coupe pas les ponts avec New York. Il y retourne pour enregistrer le premier disque sous son propre nom, Sonido, sonido, puis en 1986, le second, Mr Oh La-La. Tournées européennes, festivals - Montreux, Printemps de Bourges, Coutances, Tempo latino, Escales de Saint-Nazaire... - et albums s'enchaînent. En 1996, il part à Cuba enregistrer Cuba linda avec une sommité de la percussion cubaine, Tata Güines."QUELQUE CHOSE DE SPÉCIAL"Le metteur en scène Jérôme Savary le recrute pour Chano, sa comédie musicale construite autour du légendaire percussionniste cubain Chano Pozo, présentée à l'Opéra-Comique en 2002. Dans son dernier disque, Cuba Jazz (Naxos/Integral Music), sorti en 2003, Alfredo Rodriguez, au risque de déconcerter, revendique le droit à la digression, reprenant Caravan, l'un des succès de Duke Ellington, All the Things You Are, de Jerome Kern, et Scènes d'enfants, de Robert Schumann.Alfredo Rodriguez sera inhumé à Paris, sa ville d'adoption. "Cet endroit a toujours représenté quelque chose de spécial pour moi, déclarait-il. J'en avais déjà une idée du point de vue culturel et historique lorsque j'étudiais le français à l'Alliance française de La Havane. Et puis Paris, c'est une grande mosaïque de cultures du monde entier."