Condamnation Alfred Petit écope de la réclusion à perpétuité Alfred Petit, 39 ans, a été condamné samedi à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une peine de sûreté de 22 ans, pour le meurtre des époux Roussel en 2001 près de Rouen, au terme de sept jours de procès chaotique. La cour d'assises de Seine-maritime l'a également reconnu coupable de tentative de meurtre sur un gendarme et de violences sur un deuxième, la veille de son arrestation le 21 mai 2001.Après 3H30 de délibéré, la cour s'est conformée aux réquisitions de l'avocat général Patrice Lemonnier qui avait estimé que les charges étaient «accablantes» et les preuves «irréfutables» contre Alfred Petit. L'accusé, qui a, la plupart du temps, assisté muet à son procès, a réagi sans émotion visible au verdict. Il a dialogué, apparemment décontracté, avec son avocat, Me Yves Mahiu. Celui-ci a indiqué que lui et son client se donnaient le temps de la réflexion avant de se prononcer sur un appel éventuel. Ce dernier avait demandé aux jurés l'acquittement de Petit car «l'essentiel n'a pas été démontré dans cette affaire», il y a trop d'«incertitudes», selon lui. L'avocat récusé lundi par son client qui lui a demandé mercredi de reprendre sa défense, a été contraint au silence pendant deux jours et demi.L'avocat général s'est livré au récit, sur la base de son «intime conviction», de la fin des époux Roussel, qu'il appelle le «trou noir de la désolation». Petit a eu l'air de rigoler. M. Lemonnier lui a lancé «quand on est le seul à savoir on peut se moquer».Incompréhensible déchaînement de violencePour M. Lemonnier, c'est le père Petit, charcutier, policier à la retraite qui s'est pendu le 15 janvier dernier, qui a découpé le corps de Danielle Roussel.Petit fils, en cavale non loin du domicile de ses parents, serait venu l'appeler au secours après avoir tué les Roussel dans la nuit du 17 au 18 mai 2001. Petit père aurait alors imaginé un «scénario» : «Si on ne retrouve jamais la femme ça restera un mystère absolu».«Pour échafauder quelque chose comme ça il faut avoir été dans le métier, un vieux flic tordu», a déclaré M. Lemonnier. Petit père découpe le corps et charge son fils de s'en débarrasser, ce qui expliquerait l'errance finale de Petit fils dans la Fiat des Roussel, souillée du sang de Danielle où il sera retrouvé par deux gendarmes qu'il braquera à Boos, près de Rouen, le 20 mai. L'avocat de la défense s'est employé à tenter de détruire le scénario de l'avocat général en soulignant des invraisemblances: «Le dossier cloche, c'était un beau réquisitoire mais qui péchait par la désinvolture par laquelle vous avez écarté ce qui vous gênait», a-t-il estimé. Pour lui »rien ne relie« les Petit au meurtre des Roussel. L'errance finale de Petit dans la voiture des Roussel n'implique pas de culpabilité dans le crime. Il peut avoir trouvé «cette voiture abandonnée» après le crime d'un autre et l'avoir utilisé plutôt que de continuer d'errer à pied sur le plateau est de Rouen.En 1987 et 1992, Alfred Petit a été condamné à 15 ans et 10 ans de réclusion criminelle pour tentative de meurtre et une tentative d'évasion avec prise d'otage. Le 15 avril 2001, il avait bénéficié d'une permission de sortie de trois jours dont il n'était pas revenu.Samedi après le verdict l'avocat des enfants Roussel, Me Michel Dubos, a fait état d'une déception : «Alfred Petit n'a pas parlé... on ne comprend toujours pas ce déchaînement de violence».Mais il s'est félicité de ce que «justice est faite».
