Mort d'Alain de Boissieu
Mort Alain de Boissieu, gendre du général de GaulleAlain de Boissieu Dean de Luigné, qui est mort, mercredi 5 avril, à l'âge de 91 ans, à Clamart (Hauts-de-Seine), était mieux connu pour son lien de parenté avec le général de Gaulle, dont il était le gendre, que pour ses hauts faits militaires, pourtant indéniables.La biographie que l'ordre de la Libération (dont il avait été nommé chancelier en 2002) lui consacre en rend largement compte, mais ne précise pas qu'il avait fait parler de lui en 1981, préférant démissionner de ses fonctions de grand chancelier de l'ordre national de la Légion d'honneur plutôt que de reconnaître la qualité de grand maître à François Mitterrand, adversaire politique de son beau-père, qui venait d'être élu président de la République.La fidélité au général de Gaulle est le fil conducteur de la carrière d'Alain de Boissieu. Né le 5 juillet 1914 à Chartres, où son père était assureur-conseil, il a fait des études au Mans et à Versailles, avant d'entrer à Saint-Cyr, puis à l'Ecole d'application de la cavalerie de Saumur. Lors de la déclaration de guerre du premier conflit mondial, il est chef d'un peloton de canons antichars. Il se distinguera le 11 juin 1940, dans la Marne, lorsque, encerclé, il rassemble les 35 cavaliers de son peloton et charge, sabre au clair, les troupes allemandes. Rappelant cet épisode, Michèle Alliot-Marie, ministre de la défense, a salué un officier "alliant le panache et le courage à la réflexion".Fait prisonnier, c'est le 19 juin 1940, en Belgique, qu'il entend parler de l'appel prononcé la veille, à Londres, par le général de Gaulle. Il s'évade le 28 mars 1941 de l'oflag où il est enfermé en Poméranie et gagne l'URSS, où il est de nouveau interné. L'offensive allemande va permettre sa libération : il fait partie d'une liste de 185 prisonniers que les alliés britanniques ont transmise aux Forces françaises libres. A Londres, il signe son engagement dans les FFL et sert quelque temps à l'état-major particulier du général de Gaulle.Ayant rejoint la Force "L" (future 2e DB) en mars 1943, il sera notamment affecté au commandement de l'escadron de protection du général Leclerc. Après avoir débarqué en Normandie en juillet 1944, il sera blessé dans l'Orne par l'explosion d'un obus et se distinguera pendant la libération de Paris, puis en Alsace, où il sert au 501e régiment de chars de combat. Promu chef d'escadron en juin 1945, il entre au cabinet militaire du général de Gaulle, dont il épouse la fille Elisabeth le 2 janvier 1946.Alain de Boissieu servira ensuite en Afrique, puis en Algérie, de 1956 à 1959. De retour en France, il commandera la 2e brigade blindée à Saint-Germain-en-Laye à partir de 1962. Le 22 août de cette année-là, il se trouve dans la voiture du général de Gaulle lors de l'attentat du Petit-Clamart. La voiture est criblée de balles, mais le général, sa femme et son gendre sont indemnes.Promu général de brigade, il commandera les écoles de Saint-Cyr et Coëtquidan de 1964 à 1967, puis la 7e division mécanisée à Mulhouse. Devenu général d'armée en 1971, il exercera les fonctions de chef d'état-major de l'armée de terre jusqu'en 1975, avant d'être nommé grand chancelier de la Légion d'honneur et chancelier de l'ordre national du Mérite, fonctions qu'il occupera jusqu'en 1981.Ses différentes campagnes militaires avaient valu à Alain de Boissieu de nombreuses décorations, notamment la croix de guerre 39-45 (avec 7 citations), la médaille de la Résistance et la médaille des évadés.