Annonce Afrique du Sud : le vice-président a été écarté pour corruptionLa décision a été très difficile à prendre, mais au nom de la réputation de la jeune démocratie sud-africaine, le président Thabo Mbeki a tranché. Devant les deux Chambres du Parlement réunies exceptionnellement au Cap, mardi 14 juin, il a déclaré qu'il était "préférable de décharger de ses responsabilités" le vice-président Jacob Zuma. A 63 ans, cet homme qui figurait parmi les favoris à la succession de M. Mbeki en 2009, a été emporté par le plus gros scandale de corruption jamais dévoilé depuis la fin de l'apartheid.Depuis le 2 juin, l'avenir politique du vice-président était fortement compromis. Ce jour-là, la justice a condamné pour corruption et fraude Schabir Shaik, ancien conseiller financier de M. Zuma. Le juge avait estimé qu'entre les deux hommes s'était instaurée une "relation de corruption".M. Shaik, qui a fait appel du jugement, a été reconnu coupable d'avoir réclamé de la compagnie française Thales (anciennement Thomson CSF), un pot-de-vin pour s'assurer du soutien du vice-président Zuma au moment où la justice commençait à enquêter sur la régularité d'un contrat d'armement passé par le gouvernement sud-africain à la fin des années 1990.Dans cette affaire qui dure depuis plus de trois ans, le nom du vice-président n'a cessé d'être évoqué. Mais l'ancien chef des Scorpions, unité d'élite chargée de l'enquête, avait annoncé l'an dernier qu'il n'avait pas assez de preuves pour engager des poursuites contre M. Zuma, même s'il estimait personnellement qu'il y avait des présomptions de culpabilité.Pendant le procès, le vice-président a été présenté comme un homme toujours à cours d'argent, incapable de faire face à ses obligations. M. Shaik, "en ami", l'aurait donc aidé à se remettre financièrement à flot.APPRÉCIÉ PAR LES JEUNESDepuis la fin de la saga judiciaire Shabir Shaik, l'opposition et les médias indépendants réclamaient la tête du vice-président. Ancien membre du MK, la branche armée de l'ANC, incarcéré pendant dix ans, ancien responsable des services de renseignements de l'ANC pendant la lutte contre l'apartheid, Jacob Zuma est un poids lourd de la politique et bénéficie d'un très large soutien dans la coalition au pouvoir. Bon vivant, drôle, enjoué, son style tranche avec l'austérité et la rigueur du chef de l'Etat, et a touché la jeunesse.Jusqu'au dernier moment, Jacob Zuma, qui aurait pu choisir de démissionner, a fait jouer ses soutiens pour tenter de sauver son poste et sa carrière politique. A l'annonce de son éviction, la puissante centrale syndicale Cosatu s'est dite "dévastée" .On ignore encore si le vice-président sera poursuivi par la justice et s'il sera démis de sa fonction de président de la Commission pour la régénération morale du pays... organisation précisément chargée de lutter contre la corruption.
