Accord Accord gazier historique entre La Paz et des multinationales Elu en janvier à la tête du pays le plus pauvre d'Amérique du Sud, le président bolivien, Evo Morales, avait rapidement fixé de nouvelles règles, notamment en matière énergétique. La Bolivie possède en effet les deuxièmes réserves de gaz naturel de la région, derrière le Venezuela, et le président Morales entendait bien en profiter pour sortir son pays de la pauvreté. Cinq mois après son élection, il avait donné six mois aux compagnies étrangères d'hydrocarbures présentes en Bolivie pour céder la majorité de leur capital ou quitter le pays. Un décret de nationalisation du secteur, daté du 1er mai, avait arrêté le samedi 28 octobre minuit comme date-butoir. "L'accord a été signé avec tous", s'est réjoui, dimanche, le ministre des hydrocarbures bolivien, Carlos Villegas. Dès vendredi, sur dix compagnies étrangères opérant en Bolivie, sept avaient déjà signé un accord, dont le Français Total et l'Américain Vintage. Ont suivi l'Espagnol Repsol et en dernière minute la compagnie publique brésilienne Petrobras, principal investisseur étranger dans le secteur pétrolier et gazier bolivien, avec qui les discussions ont été plus tendues. Le Brésil est le permier acheteur du gaz naturel bolivien et Petrobras, qui contrôle 47,3 % des réserves avérées et probables de gaz naturel de la Bolivie, a déjà investi plus de 1,5 milliard de dollars dans l'exploration ces dernières années. Repsol vient en deuxième position avec 26,7 %. Plusieurs autres compagnies possédant de plus petits intérêts, comme la Britannique BG Amoco, contrôlée par British Petroleum, et les Argentines Pluspetrol et Matpetrol, ont également donné leur accord. "NOUS ALLONS RÉSOUDRE LE PROBLÈME DES INJUSTICES SOCIALES" Bien que les détails des nouveaux contrats pétroliers n'aient pas été révélés, le gouvernement a expliqué qu'ils avaient pour but de donner à la compagnie publique bolivienne Yacimientos Petroliferos Fiscales Bolivianos (YPFB) le contrôle de la production et de la commercialisation des produits pétroliers et gaziers, définissant ainsi les volumes et les prix des produits à placer sur le marché intérieur et à l'exportation. Les majors étrangères opéreront désormais comme prestataires de services pour le compte d'YPFB en échange de 18 % à 50 % de leurs revenus. Le gouvernement bolivien a également indiqué que les nouveaux contrats comporteraient une clause obligeant les multinationales à réinvestir une partie de leurs profits dans le secteur énergétique du pays. Petrobras s'est ainsi engagée à investir 1,5 milliard de dollars dans le secteur énergétique bolivien, a annoncé le gouvernement après la signature des contrats, et Total près de 1,9 milliard de dollars. A l'issue de la signature des nouveaux accords, Evo Morales a estimé que les nouvelles conditions imposées aux pétroliers étrangers feront passer les recettes publiques tirées du secteur de 200 millions de dollars par an actuellement à 4 milliards. "Ce que nous sommes en train de faire ici, c'est d'exercer nos droits de propriété, en tant que Boliviens, sur nos ressources naturelles, sans chasser personne, sans confiscation", a-t-il déclaré. "Avec ces contrats, nous allons résoudre le problème des injustices sociales et éviter des troubles de l'ordre public à l'avenir", a ajouté le président.