Accord Accord frontalier symbolique entre l'Inde et le PakistanTrois semaines après le séisme qui a dévasté la région himalayenne du Cachemire, au coeur de leur rivalité depuis 1947, les deux pays ont accepté dimanche 30 octobre d'ouvrir aux rescapés cherchant du secours et aux familles séparées cinq points le long de la ligne très militarisée qui divise le territoire.Aux termes de l'accord intervenu après de laborieuses discussions à Islamabad, la Ligne de Contrôle (LoC) devrait s'ouvrir le 7 novembre, un mois après le tremblement de terre, sous de strictes conditions. Les villageois pourront traverser à pied, et priorité sera donnée aux familles décimées.Un mois durant lequel les deux pays n'ont cessé de rejeter l'un sur l'autre la responsabilité des blocages, en dépit de l'urgence pour des milliers de Cachemiris bloqués dans les montagnes du côté pakistanais, privés de toute aide au seuil de l'hiver."Il s'agit d'une avancée substantielle, mais au fond c'est une mesure avant tout symbolique, soulignait dimanche l'analyste politique et militaire Talat Masood. La décision a été longue à prendre et il faudra encore une semaine ou dix jours pour que les gens commencent à traverser."Hermétique depuis le cessez-le-feu de 1949 qui avait conclu la première guerre indo-pakistanaise, la ligne ne s'était entrouverte qu'en avril, avec le coup d'envoi d'une liaison par bus entre Cachemire indien et pakistanais.L'idée d'une ouverture aux civils de la LoC avait été lancée par le président pakistanais, Pervez Moucharraf, dix jours après le séisme qui a fait 55 000 morts dans le nord du Pakistan, dont une majorité au Cachemire, et 1 300 autres au Cachemire indien.Des propositions avaient suivi de part et d'autre, donnant à penser que la tragédie du 8 octobre pouvait être une chance pour la paix au Cachemire.Ce territoire de l'Himalaya, peuplé en majorité de musulmans, partagé entre l'Inde aux deux tiers et le Pakistan pour un tiers, cristallise depuis 1947 les rivalités entre les deux pays qui s'en disputent la souveraineté.MÉFIANCEDepuis le début d'une insurrection séparatiste dans la partie indienne du Cachemire, en 1989, l'Inde accuse le Pakistan d'aider matériellement les rebelles, ce qu'Islamabad réfute.Islamabad et New Delhi ont engagé en janvier 2004 un lent processus de paix.Les attentats qui ont fait au moins 61 morts samedi à New Delhi, dans lesquels les rebelles cachemiris sont montrés du doigt avec insistance, en illustrent la fragilité.Après le séisme, l'Inde a envoyé des convois d'aide médicale et alimentaire, et annoncé une contribution de 25 millions de dollars à l'effort international pour le Pakistan.Mais Islamabad a refusé l'envoi par l'Inde d'hélicoptères pilotés par des Indiens pour participer aux secours au Cachemire pakistanais, New Delhi refusant de mettre à disposition ses appareils sans pilotes.L'ouverture de la ligne "devrait améliorer le climat de bonne volonté entre les deux pays. Mais les gouvernements ont pris leur temps, car des inquiétudes liées à la sécurité subsistent de part et d'autre", relevait dimanche l'analyste politique Hasan Askari.L'urgence humanitaire n'a ainsi pu balayer en quelques jours des décennies de suspicion, et le ministre indien de la défense, Pranab Mukherjee, avait prévenu que "le séisme ne peut altérer une histoire de plus de 50 ans"."Il s'agit d'un développement positif, les portes et les fenêtres doivent s'ouvrir. Mais il faut du temps avant que la neige ne fonde et elle doit fondre lentement", résumait l'éditorialiste Munir Ahmed.Au Cachemire, des villageois en attente des secours se réjouissaient de l'ouverture de la ligne, mais redoutaient les obstacles bureaucratiques qui risquent de n'en faire qu'une "mesure cosmétique".
