Expulsion Abdelkader Bouziane a été placé vers 9h20 dans un avion en direction de l'Algérie. Le ministère de l'Intérieur avait pris la décision d'expulsion immédiate après des propos jugés "attentatoires à la dignité humaine". L'imam de Vénissieux a été renvoyé mercredi vers 9h20 en direction de l'Algérie, au lendemain d'une décision d'expulsion immédiate prise par le ministre de l'Intérieur. L'imam salafiste, de nationalité algérienne, âgé de 52 ans et père de 16 enfants français, a été embarqué dans un vol régulier de la compagnie Aigle Azur en direction d'Alger.Il avait été interpellé mardi après-midi et placé au centre de rétention administrative de l'aéroport Saint-Exupéry de Lyon en vue de son expulsion, en application d'un arrêté ministériel d'expulsion datant du 26 février 2004. Son avocat avait annoncé dans la soirée son intention de déposer un double recours, un référé suspension contre l'expulsion et un référé liberté contre la rétention. Mais, mercredi vers 9h, le tribunal n'avait rien reçu. Selon l'avocat, cet arrêté d'expulsion, basé sur "des accusations vagues et confuses", comporte "des irrégularités". Battre sa femme"Le gouvernement ne peut tolérer qu'en public soient tenus des propos contraires aux droits de l'Homme, attentatoires à la dignité humaine et en particulier à la dignité des femmes, des appels à la haine ou à la violence ou faisant l'apologie du terrorisme", a-t-on expliqué mardi place Beauvau. L'expulsion "est une mesure d'ordre public destinée à protéger la collectivité nationale", a expliqué le ministère de l'Intérieur, qui a précisé par ailleurs que des poursuites judiciaires "sont susceptibles d'être engagées contre lui". Le ministre de la Justice, Dominique Perben, a d'ailleurs demandé au parquet de Lyon d'ouvrir une enquête préliminaire.Dans un entretien publié par le mensuel lyonnais Lyon Mag du mois d'avril, Abdelkader Bouziane, imam de la mosquée dite de l"'URSSAF" (installée dans un ancien bâtiment de l'URSSAF), se déclare polygame, estime que "battre sa femme est autorisé par le Coran dans certaines conditions" et conteste que la femme soit l'égale de l'homme. Il souhaite également que le "monde entier devienne musulman" mais affirme toutefois être opposé au terrorisme. Interrogé avant son interpellation mardi, l'imam a assumé ses propos mais s'est justifié en disant avoir cité des textes religieux. Il a assuré qu'il préconisait toujours le respect de la loi française.Influence minime ?Suite à la parution de l'interview, le député-maire de la ville André Gerin, "indigné", a indiqué qu'il examinerait "les possibilités de porter plainte pour atteinte à l'ordre public et à la République". Dans une lettre au Garde des Sceaux, il a écrit : "Ces déclarations (…) cultivent le refus de l'intégration des musulmans dans le respect de l'identité française. Il est temps de ne plus accepter des imams venus de l'étranger comme l'Algérie, le Maroc ou l'Arabie Saoudite, (…) soupçonnée de favoriser le prosélytisme radical, de diffuser des pamphlets antisémites, d'être une énorme tirelire pour le terrorisme".Auparavant, le parquet de Lyon avait estimé qu'il n'existait pas, dans l'interview, de motifs justifiant des poursuites judiciaires. En outre, selon des proches de l'association Es Salem, qui gère la mosquée de Vénissieux, l'imam conteste les conditions dans lesquelles a été réalisée l'interview. Des responsables auraient également demandé à l'imam de publier un démenti ou de porter plainte contre le mensuel. Selon des membres d'associations musulmanes, l'influence d'Abdelkader Bouziane, qui depuis le début des années 1990 diffuse la pensée salafiste, favorable à une interprétation stricte et littérale du coran, est limitée. Elle concerne surtout "des gens à qui la société française ne donne pas de place".
