Annonce A six semaines des législatives, le gouvernement de Tony Blair présente un budget préélectoral six semaines des élections législatives, attendues début mai, la présentation du budget britannique 2005-2006 (avril-mars) par le chancelier de l'échiquier, Gordon Brown, ne pouvait être qu'un exercice hautement politique. Avec un optimisme teinté d'autosatisfaction, le ministre des finances a annoncé un échantillon de mesures sociales généreuses sans succomber à un électoralisme excessif. Le ministre, qui occupe ce poste depuis 1997, a rappelé que la Grande-Bretagne vivait "sa plus longue période de croissance continue depuis que cette statistique a été créée en 1701". "L'inflation, a-t-il résumé, est au plus bas depuis trente ans, les taux d'intérêt depuis trente-cinq ans, le taux d'emploi n'a jamais été aussi haut, et le niveau de vie a progressé de 3 % par an en moyenne depuis 1997." M. Brown a assuré qu'il respecterait sa "règle d'or", selon laquelle les dépenses publiques, hors investissements, ne doivent pas dépasser le montant des recettes fiscales sur la durée d'un cycle économique. Se fondant sur des hypothèses de croissance jugées trop optimistes par les économistes (entre 3 % et 3,5 % en 2005 et entre 2,5 % et 3 % en 2006), il espère limiter sur l'exercice 2005-2006 les déficits publics à 2,6 % du produit intérieur brut (PIB), respectant les règles de Maastricht. Les premiers bénéficiaires de ce budget sont les personnes âgées, qui sont proportionnellement les plus nombreuses à se rendre aux urnes et parmi les catégories les plus mécontentes. D'où l'extrême attention portée au "vote gris". Les plus de 65 ans, a indiqué M. Brown, se verront rembourser 200 livres par an (290 euros) sur la Council Tax, les impôts locaux, dont les hausses récentes, parfois fortes, étaient très impopulaires. Chaque commune devra offrir à ses retraités et à ses handicapés le transport local gratuit en dehors des heures de pointe. Le "crédit de pension", que reçoivent les plus pauvres, sera augmenté. Mais les retraités n'ont pas obtenu la hausse espérée de la retraite d'Etat dont beaucoup doivent se contenter pour vivre. Autre catégorie ciblée par le budget, les jeunes foyers ont beaucoup de mal à accéder à la propriété tant les prix de l'immobilier sont vertigineux. Le seuil minimal à partir duquel le paiement d'un droit de timbre s'applique à l'achat d'une maison a été doublé. Les chômeurs ne sont pas oubliés : 2 000 livres (2 900 euros) sont proposées aux chefs de famille monoparentale qui recherchent un emploi. Le budget prévoit aussi une hausse de la ristourne fiscale par enfant et une rallonge de 400 millions de livres pour le financement des opérations en Irak et en Afghanistan, dont le coût total est évalué à 4,9 milliards de livres. Gordon Brown a évité les mauvaises nouvelles : l'augmentation de la taxe sur l'essence est reportée à septembre, la taxe professionnelle et l'impôt sur les revenus du capital sont gelés. L'opposition conservatrice a brocardé les annonces de M. Brown. Pour son chef, Michael Howard, "c'est un budget "Votez d'abord, vous paierez plus tard"". Le chancelier a brièvement indiqué que l'éventuelle adoption de l'euro ne serait pas examinée pendant cet exercice budgétaire. C'est une lapalissade : non seulement personne ne mentionne plus ici l'abandon de la livre, mais un autre référendum, celui sur la Constitution de l'UE, suffira largement, en 2006, à occuper l'équipe travailliste, si elle est reconduite au pouvoir.