Annonce A Porto Alegre, Lula lance une campagne contre la pauvreté La campagne consiste à demander à tout le monde de porter un ruban blanc au poignet en signe d'adhésion, par exemple lors des manifestations en marge du prochain sommet du G8 en Grande-Bretagne, lors de l'Assemblée générale de l'ONU en septembre et avant les négociations multilatérales de l'OMC en décembre à Hongkong.Devant quinze mille personnes réunies dans un gymnase à Porto Alegre, dont un gros contingent de militants de son Parti des travailleurs (PT), le président brésilien a été copieusement hué et sifflé, jeudi 27 janvier, par une centaine de déçus de sa politique économique jugée trop libérale, et s'est senti obligé d'expliquer sa présence à la tribune pour l'opération "Ruban blanc" contre la pauvreté dans le monde. "Cette campagne mondiale [réclamant des actions concrètes contre la pauvreté] a une vision et un profil qui me permettent d'adhérer en tant que président du Brésil et dirigeant d'un pays émergent qui a été capable de mettre au premier plan des préoccupations mondiales autre chose que la guerre et la lutte contre le terrorisme", a lancé le président Luiz Inacio Lula da Silva depuis la tribune.Plus de mille organisations non gouvernementales ont lancé, jeudi en marge du Forum social, un "appel mondial à l'action contre la pauvreté", demandant aux citoyens de la planète de se mobiliser pour faire respecter les objectifs du Millénaire.L'"appel mondial à l'action contre la pauvreté" propose "la justice dans les relations commerciales (notamment les négociations au sein de l'OMC), l'annulation de la dette, une augmentation réelle du volume des aides officielles au développement et des politiques publiques nationales pour éliminer la pauvreté qui soient démocratiques, transparentes et contrôlées par les citoyens".La campagne consiste à demander à tout le monde de porter un ruban blanc (voir le site www.whiteband.org) au poignet en signe d'adhésion, par exemple lors des manifestations en marge du prochain sommet G8 en Grande-Bretagne, lors de l'Assemblée générale de l'ONU en septembre et avant les négociations multilatérales de l'OMC en décembre à Hongkong.L'appel sera popularisé par des spots publicitaires où s'expriment des personnalités comme les chanteurs Bono et Lenny Kravitz, l'ex-président américain Bill Clinton ou le secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan.L'initiative de l'appel mondial, totalement inédite dans l'enceinte des Forums sociaux mondiaux, est venue d'organismes d'aide au développement de tous les continents, comme Oxfam, Caritas ou One World Africa, ainsi que de nombreuses organisations syndicales.Depuis son arrivée au pouvoir en janvier 2003, Lula, un ancien syndicaliste de la métallurgie né dans une famille pauvre du Pernambuco (Nord-Est), ne manque effectivement pas une occasion de promouvoir le dossier de la lutte contre la pauvreté sur la scène internationale.RÉCONCILIER DEUX MONDES Dans une tribune publiée mercredi dans le quotidien Le Monde, il a expliqué qu'il cherchait à réconcilier le Forum social mondial (FSM), qui se tient jusqu'à lundi à Porto Alegre (Brésil), et le Forum économique mondial de Davos (Suisse)."Des champs communs sont possibles. (...) Il ne s'agit pas de demander aux gens de cesser d'être ce qu'ils sont, mais bien d'établir des liens entre des communautés unies par une destinée humaine indivisible", a-t-il écrit.A Porto Alegre, il a minimisé les manifestations de désapprobation d'une partie de l'assistance comme un "signe que la démocratie s'exerce" pleinement au Brésil. Ces protestataires sont, selon lui, un peu comme "des enfants qui vont mûrir et reviendront à la maison (allusion aux dissensions au sein de sa coalition et du PT) quand ils verront qu'elle fonctionne".A ce propos, il a insisté sur la bonne santé économique du pays, soulignant que le chômage va tomber sous les 10 % cette année et que les programmes sociaux du gouvernement (faim zéro, éducation, etc.) toucheront 8,7 millions de personnes fin 2005 et 11 millions deux ans plus tard.A la tribune, il a surtout longuement souligné l'importance qu'a prise le Brésil - sous sa présidence - comme catalyseur des efforts d'intégration en Amérique latine et comme fédérateur des aspirations des pays émergents du monde entier.L'Amérique du Sud a connu de profonds changements ces deux dernières années, a-t-il estimé, avec l'arrivée au pouvoir de leaders "progressistes" comme l'Argentin Nestor Kirchner, le Paraguayen Nicanor Duarte et, à compter du 1er mars prochain, du nouveau président uruguayen Tabaré Vazquez.Ces changements et une politique extérieure brésilienne très "active et forte de nouvelles propositions" ont, selon lui, favorisé l'émergence du G20 des pays émergents, devenu un bloc majeur dans les négociations de l'OMC, et la naissance récente à Cuzco (Pérou) de la Communauté sud-américaine des nations.Au passage, Lula a également évoqué les pourparlers en cours pour un accord de libre-échange entre le Mercosur (union douanière du cône Sud) et l'Union européenne, et les ponts qu'il a lancés vers l'Afrique, le monde arabe et jusqu'en Chine lors de nombreux voyages dans ces régions.Selon lui, l'important c'est de parvenir à "changer la géographie politique, commerciale et culturelle du monde" en obligeant les grands pays riches à tenir compte des intérêts du Sud dans le commerce mondial et en obtenant une démocratisation des Nations unies et des autres organisations multilatérales.
