Discours A New York, la 417e et dernière croisade de Billy GrahamQuand ils ont essayé de réserver le Madison Square Garden, il est rapidement apparu que la salle serait trop petite. Quand ils ont demandé la permission d'utiliser la grande pelouse de Central Park, la municipalité de New York a refusé, jugeant la sécurité insuffisante.Finalement, ils ont trouvé ce qu'ils cherchaient, un endroit encore plus grand, le Flushing Meadows-Corona Park, dans le quartier du Queens.Le site a accueilli, vendredi 24 juin, plus de 60 000 personnes et au moins autant étaient attendues samedi et dimanche pour la dernière "croisade", la 417e, du plus grand et plus influent prêcheur évangéliste de l'histoire, Billy Graham. Il aura pris la parole devant plus de 200 millions de personnes dans 180 pays et amené, selon son organisation, plus de 3 millions de fidèles à se convertir.Cette fois, son discours, interrompu par de nombreuses ovations, n'a pas duré plus de trente minutes. "Nous sommes tous des pécheurs et un changement radical est nécessaire pour que chacun d'entre nous puisse se réaliser pleinement", a-t-il déclaré pour commencer.A 86 ans, Billy Graham n'a plus la force de tenir un auditoire en haleine pendant des heures. Atteint d'un cancer de la prostate et de la maladie de Parkinson, presque sourd et parlant dans un souffle, il se déplace avec un déambulateur et n'est plus que l'ombre du personnage enflammé à la voix puissante, crédité de la renaissance du mouvement évangéliste chrétien aux Etats-Unis. Pendant plus de cinquante ans, il a été le premier pasteur du protestantisme dans ce pays. Il a été l'ami de tous les présidents depuis Dwight Eisenhower et a même ramené le dernier d'entre eux, George W. Bush, dans le droit chemin de la religion.Contrairement à bon nombre d'autres évangélistes engagés à la droite du Parti républicain, il a toujours refusé de faire de la politique. Lorsqu'on lui a demandé s'il préférait George Bush ou son prédécesseur, le démocrate Bill Clinton, il s'est défaussé : "Je les apprécie tous les deux, je les aime tous les deux." Il a même refusé de se prononcer sur le mariage homosexuel "pour ne pas diviser les gens".Il y a eu, certes, quelques dérapages, notamment antisémites, enregistrés secrètement sur cassette à la Maison Blanche sous la présidence de Richard Nixon. Billy Graham avait présenté des excuses, acceptées par la communauté juive américaine. Pour son dernier prêche, il a choisi New York, peut-être la ville la moins religieuse des Etats-Unis, "pour sa diversité ethnique et son besoin de spirituel, afin de panser les plaies des attaques du 11-Septembre".Et puis c'est au Madison Square Garden que Billy Graham est devenu une "star" en 1957 : il devait rester six semaines, il en a fait seize, attirant plus de 120 000 personnes. "J'attends la mort avec une grande impatience, dit-il aujourd'hui devant la presse. J'attends de voir enfin Dieu face à face."
