Annonce A l'occasion des législatives de dimanche, immersion dans une société en ébullition.Les sondages lui donnent une légère avance, entre trois et quatre points, avant les législatives de ce dimanche. Mais rien n'est gagné cependant pour le chef du gouvernement espagnol sortant, le jeune socialiste José Luis Rodriguez Zapatero. Le Centre d'enquêtes sociologiques, un organisme officiel, avait d'ailleurs rendu public, il y a une quinzaine de jours, un sondage le donnant à égalité avec son principal opposant, le leader conservateur du Parti populaire, Mariano Rajoy. Lundi soir, au sortir du deuxième duel télévisé entre les deux hommes, les enquêtes des chaînes de télévision montraient que Zapatero avait été davantage convaincant que son adversaire. Même sur l'économie.Malaise économique. Pourtant celle-ci traverse une mauvaise phase, avec notamment le fort ralentissement du secteur de la construction qui avait tiré la croissance ces dernières années : alors que l'année 2007 s'est terminée sur un taux de 3,7 %, un des meilleurs de l'Union européenne, la banque d'Espagne prévoit un point de moins pour cette année. Le chômage est reparti à la hausse et l'inflation a atteint 4,4 % en 2007. Ce malaise économique, tout récent, handicape le Premier ministre sortant qui ne pensait pas avoir à se défendre sur ce terrain-là. «Ce qui m'intéresse, ce sont les problèmes réels des Espagnols qui ont du mal à arriver en fin de mois», a beau jeu de répéter Mariano Rajoy. Zapatero s'est empressé de répondre que la crise serait passagère et a promis, dès sa victoire, un train de «mesures productives et constructives» pour y remédier. Son programme s'alimente aussi de différentes promesses sociales, hausse des retraites et du salaire minimum et une «remise fiscale» de 400 euros pour la majorité des contribuables : il a les moyens, avec 20 milliards d'excédent budgétaire.Popularité. Autre sujet sur lequel Zapatero est sur la défensive en cette fin de campagne : l'immigration, qui a doublé ces trois dernières années et qui pèse aujourd'hui 10 % de la population, est subitement devenue un cheval de bataille électoral de la droite. Mariano Rajoy propose aux futurs immigrés de signer un «contrat d'intégration» pour respecter les «coutumes espagnoles». Zapatero lui a répondu que l'immigration a rempli les caisses de la Sécurité sociale, et a rajeuni une population vieillissante dans un pays où le taux de fécondité était l'un des plus bas du monde.Mais même sur la défensive, Zapatero a un atout : sa popularité est bien plus élevée que celle de son rival, dont la terne personnalité est le principal handicap de son camp. Les deux hommes s'étaient déjà affrontés lors des législatives du 14 mars 2004, qui se sont tenues il est vrai dans des circonstances exceptionnelles et dramatiques : trois jours après les attentats islamistes de Madrid qui avaient fait 191 morts. La victoire suprise de Zapatero avait été due notamment à la manipulation orchestrée alors par le PP. Durant trois jours, la droite s'était acharnée à présenter l'ETA comme l'auteur de ces attentats, persuadée que la «piste islamiste» allait contre ses intérêts électoraux. Depuis cet événement, le PP n'a cessé, en quatre ans d'opposition, de contester la légitimité de Zapatero. Elle a notamment brisé la traditionnelle union sacrée des partis politiques dans la lutte anti-ETA. Et violemment attaqué le gouvernement quand celui-ci, dès 2005, a engagé un dialogue pour convaincre les terroristes basques de déposer les armes. Ces débuts de négociations avaient été interrompus par un attentat à l'aéroport de Madrid, le 30 décembre 2006, qui avait fait deux morts. «C'était un devoir moral pour moi de tenter d'en finir avec la violence», s'est ensuite défendu Zapatero.Alliance. Quel que soit le vainqueur de dimanche, il est plus que probable qu'il n'obtienne pas la majorité absolue (176 députés sur 350) et doive s'allier avec les nationalistes ou les indépendantistes catalans (Convergencia i Unio, 10 députés sortants ou Esquerra, 8 députés sortants). Ces petits partis charnières seront sans doute des faiseurs de rois dès lundi matin.NUMÉRO SPÉCIAL «Made in Espagne» A l'occasion des législatives de dimanche, «Libération» propose une immersion dans une société en ébullition. Portraits, reportages à travers toute l'Espagne pour montrer une société, une culture, une vie politique qui change. Un numéro à acheter en kiosque ou en version digitale.
