Procès A la surprise générale, la Cour de cassation tranche en défaveur de Bernard Tapie dans l'affaire Adidas Je mène 3-0 à dix minutes de la fin du match." Vendredi, Bernard Tapie avait osé une métaphore sportive pour résumer son optimisme : devant la Cour de cassation, l'avocat général Maurice-Louis Lafortune venait de le conforter en requérant le rejet du principal pourvoi contre la décision par laquelle la cour d'appel de Paris avait condamné le Consortium de réalisation (CDR), le 30 septembre 2005, à verser à M. Tapie 135 millions d'euros, dans le cadre de la cession d'Adidas. Lundi 9 octobre, la Cour de cassation en a décidé autrement. Réunie en session plénière, elle s'est prononcée en faveur de l'Etat français, contre l'ex-homme d'affaires, dans cette affaire qui dure depuis dix ans. L'enjeu était de trancher si le Crédit lyonnais, via le CDR, a failli à ses obligations envers son client, M. Tapie, en revendant le groupe Adidas à Robert Louis-Dreyfus en 1993-1994. REBONDIR DEVANT LA COUR D'APPEL ?Le pourvoi du CDR contre l'arrêt du 30 septembre 2005 était le dernier obstacle entre Bernard Tapie, 63 ans, et un rebond financièrement spectaculaire, qui lui aurait permis de payer ses créanciers et d'achever sa reconversion dans le théâtre et la télévision. Vendredi, l'avocat général avait même demandé que les dommages et intérêts de M. Tapie soient effectivement relevés à 145 millions d'euros, comme l'exigeait un autre arrêt rendu en avril 2006.Apparemment, la Cour de cassation n'a pas suivi le raisonnement selon lequel Bernard Tapie avait été victime d'une entente entre le CDR et Robert-Louis Dreyfus, qui a valorisé en 1995 ses parts d'Adidas pour un montant bien plus important que celui auquel il les avait achetées, moins d'un an plus tôt. Une "perte de chance", selon Bernard Tapie."Aucune faute n'est en l'état caractérisée à l'encontre du Crédit lyonnais", a jugé la plus haute juridiction de l'ordre judiciaire dans un communiqué, estimant que la cour d'appel avait commis des erreurs. L'arrêt étant cassé, "il appartiendra à la cour d'appel de Paris, à laquelle l'affaire est renvoyée dans une autre composition, de rejuger intégralement l'affaire, en droit et en fait", a précisé la Cour de cassation.Face à cet énième coup dur, Bernard Tapie espère toujours rebondir. "En faisant rejuger l'affaire, nous pouvons non seulement avoir gain de cause mais aussi obtenir une indemnité plus importante", a plaidé lundi son avocat, tout en reconnaissant que son client aurait préféré tourner plus tôt le dos à cette liquidation vieille de douze ans.
