Procès A Johannesburg, Jacob Zuma, vice-président déchu, est jugé pour viol Jacob Zuma aurait pu être le prochain président d'Afrique du Sud. En quelques mois, sa carrière politique a tourné court. Après une inculpation pour corruption en juin 2005, qui lui a coûté son poste de vice-président, il est jugé, depuis le lundi 6 mars, pour viol. Il risque entre 5 et 15 ans de prison. L'identité de la victime a été préservée, conformément à la loi. Tous les détails de l'audience, même les plus intimes, sont en revanche relayés par les médias qui suivent les péripéties judiciaires de M. Zuma, depuis des mois. Deux juges ont déjà déclaré forfait. Le premier, contesté par la défense, a argué que l'affaire était "trop lourde pour ses épaules", le second parce qu'une de ses soeurs a eu un enfant de M. Zuma. La victime, une jeune femme de 31 ans, connaît M. Zuma depuis son enfance. Son père, décédé, a été emprisonné avec lui au bagne de Robben Island. Elle l'a connu lorsqu'il était exilé au Swaziland et, depuis cette époque, le "considère comme un père" et l'appelle "tonton". Le 2 novembre 2005, elle était invitée chez lui et y a passé la nuit. Selon son témoignage, M. Zuma serait entré dans sa chambre, alors qu'elle était endormie, pour lui proposer un massage, avant de la violer. Une version contestée par l'ancien vice-président, qui a plaidé non coupable et affirmé que la relation, consensuelle, n'était pas nouvelle. PLAIGNANTE INSULTÉE Mardi, les avocats de la défense ont longuement interrogé cette jeune militante de la lutte contre le sida sur sa vie sexuelle et l'origine de sa séropositivité. "Le test ne vous dit pas d'où vient le virus", a rétorqué la jeune femme, victime par le passé d'un premier viol. En Afrique du Sud, 55 114 femmes ont officiellement déclaré à la police avoir été violées en 2005, soit un viol toutes les dix minutes. Devant le tribunal, des militants de la lutte contre les violences faites aux femmes battent le pavé pour soutenir la victime. Ils ont baptisé la campagne "Un sur Neuf", se basant sur une étude récente montrant que seule une victime sur neuf porte plainte. Selon eux, à peine 7 % des plaintes aboutissent à une condamnation. Les activistes font face, dans un quartier sous haute surveillance policière, aux partisans de M. Zuma, qui crient au complot et sont allés jusqu'à insulter la plaignante et brûler sa photo. Cet acte a été condamné par la très dynamique Association des amis de Jacob Zuma, qui s'est constituée après son inculpation pour corruption. Soupçonné d'avoir sollicité un pot-de-vin auprès de la société française Thales, ex-Thompson-CSF, M. Zuma sera à nouveau devant la justice en juillet pour cette affaire. Le procès pour viol devrait durer deux à trois semaines.