Manifestation A Beyrouth, une foule immense manifeste contre la tutelle syrienne (Avec AFP.)[21 février 2005] A l'appel de l'opposition, plusieurs dizaines de milliers de Libanais, toutes confessions confondues, manifestaient aujourd'hui à Beyrouth contre la tutelle syrienne, alors que le pouvoir a lâché du lest en acceptant de coopérer à l'enquête de l'Onu sur l'assassinat de Rafic Hariri. Cette manifestation, qui avait débuté par un rassemblement d'une dizaine de milliers de personnes sur les lieux de l'attentat, se déroule une semaine jour pour jour après l'explosion qui a tué à Beyrouth l'ancien Premier ministre ainsi que 16 autres personnes et fait 220 blessés, selon un dernier bilan.Des dizaines de bus transportant des manifestants sont arrivés de Tripoli, capitale du nord, dont est originaire le chef du gouvernement pro-syrien Omar Karamé. Les manifestants ont observé une minute de silence à 12h55, heure locale, à l'heure exacte de l'attentat du 14 février. La circulation et l'actitivité s'est totalement arrêté pendant cinq minutes à Beyrouth et dans plusieurs autres régions libanaises.Entre-temps, un accord est intervenu lundi matin pour suspendre le travail de la commission parlementaire sur la discussion de la loi électorale et pour qu'une date soit fixée par le président du parlement Nabih Berri et le chef du gouvernement pro-syrien Omar Karamé pour un débat général portant sur la situation dans le pays. Un tel débat, qui répond à une des exigences de l'opposition, devrait a priori permettre de réduire la tension politique.Arborant écharpes rouges et blanches, symbole de leur «soulèvement pacifique pour l'indépendance», les manifestants arrivaient par groupes sur le lieu de l'attentat. Tenant à bout de bras des pancartes rouges sur lesquelles on pouvait lire «Liban 05» (année 2005) et des rameaux d'olivier, la plupart scandaient: «La Syrie dehors», proférant des insultes personnelles à l'encontre du président syrien et le sommant de retirer les quelque 14.000 soldats syriens stationnés au Liban depuis trente ans.«Qui est le prochain» à être assassiné ?, criaient certains protestataires à l'adresse de la Syrie. Des familles entières participaient au rassemblement avec les étudiants dont certains portaient les drapeaux de leurs partis et les portraits de Rafic Hariri ainsi que ceux de personnalités politiques assassinées pendant la guerre civile (1975-1990), comme l'ancien président allié d'Israël et anti-syrien assassiné en 1982 Bachir Gemayel et le chef de la gauche libanaise Kamal Joumblatt tué en 1977 près d'un barrage syrien.Des milliers de manifestants ont notamment afflué à pied vers le lieu du rassemblement venant du quartier chrétien d'Achrafieh à Beyrouth. La manifestation se déroulait dans le calme, sous l'oeil de l'armée et de la police libanaise déployées en force sur le bord de mer, en plein centre de Beyrouth, où a eu lieu l'attentat.Les manifestants ont fraternisé avec la troupe, leur offrant des fleurs rouges et blanches et leur criant. «nous voulons une seule armée, l'armée libanaise».La foule devait ensuite se rendre à la mosquée où est enterré Rafic Hariri en passant par le siège de l'Onu où une délégation devait remettre une pétition appelant à une enquête de l'Onu sur l'attentat. Dès les premières heures du matin, les forces de sécurité étaient déployées en force sur les grands axes de Beyrouth, des principales villes du Liban et des routes menant à la capitale.L'appel à cette manifestation a été lancé par plusieurs organisations politiques d'étudiants appartenant à l'opposition qui a appelé à un «soulèvement populaire pacifique pour l'indépendance du Liban».Parallèlement, le Conseil de justice, plus haute instance judiciaire chargé des crimes contre l'Etat, devant laquelle a été déféré l'affaire de l'assassinat de Rafic Hariri, a désigné le juge d'instruction Michel Abou Arrage pour mener l'enquête. L'opposition réclame une enquête internationale sous la conduite de l'Onu.
