Annonce A Bakou, les obsèques d'Elmar Gouseinov, "victime de la vérité" Plus de 5 000 personnes, dont tous les chefs de l'opposition, ont accompagné jusqu'au cimetière de Bakou, vendredi 4 mars, la dépouille mortelle d'Elmar Gouseinov, l'un des journalistes les plus en vue d'Azerbaïdjan, assassiné mercredi dans la soirée à coups de revolver devant son domicile, à l'âge de 37 ans. A la demande des proches du journaliste, la marche est restée silencieuse, et l'opposition a repoussé à plus tard une grande manifestation de protestation. "Elmar est une victime de la terreur politique. Il est devenu une victime de la vérité. Tout le monde sait à quel point il est difficile de dire la vérité dans ce pays", a déclaré le chef du Front populaire (le principal parti d'opposition), Ali Kerimli, lors d'une cérémonie organisée avant l'enterrement, en hommage au fondateur et rédacteur en chef de l'hebdomadaire Monitor. Elmar Gouseinov était connu pour ses critiques virulentes envers le régime et le président Ilham Aliev, qui a succédé à feu son père, en 2003, après un scrutin présidentiel controversé. Les proches du journaliste et les défenseurs des droits de l'homme ont dénoncé un "meurtre commandité" lié à son travail. "NOS DIRIGEANTS ONT PEUR" L'opposition fait le parallèle avec l'assassinat, en 2000 en Ukraine, du journaliste Georgui Gongadzé. "Ils ont voulu le forcer à se taire, mais on ne peut forcer le peuple à se taire. Cela ne nous effraie pas. Nous allons mener la lutte jusqu'au bout", a déclaré M. Keremli. "Tous nos dirigeants ont peur(...) que leur fin approche", a-t-il dit, donnant "deux semaines" aux autorités pour "trouver les tueurs" et faire ainsi la preuve qu'elles ne sont pas impliquées. Le président Aliev avait démenti la veille toute responsabilité du régime et dénoncé les "organisateurs de ce crime", qui, selon lui, tentent de "nuire à l'image de l'Azerbaïdjan à l'étranger". Plusieurs hauts responsables de l'administration présidentielle sont allés se recueillir devant le corps du journaliste à l'Académie des sciences. L'ambassadeur américain, Reno Harnish, a pris la parole au cours de cette cérémonie, évoquant "une catastrophe nationale pour tout l'Azerbaïdjan"et insistant sur le fait que les journalistes devaient "travailler sans peur et sans menaces contre leur vie". Il s'est ensuite rendu à pied, avec les ambassadeurs européens, jusqu'au cimetière. Le Quai d'Orsay a demandé que tout soit fait pour "traduire en justice les responsables". Les autorités azerbaïdjanaises ont été accusées, ces derniers mois, de vouloir supprimer toute liberté d'expression dans le pays, dans l'optique des élections parlementaires prévues en novembre. - (AFP, Reuters.)